La papeterie de Saint-Girons engage une action globale alliant prévention des risques et maintien dans l’emploi
Un capital humain à préserver
Implantée au cœur de l’Ariège, la papeterie de Saint-Girons est spécialisée dans la fabrication de papiers spéciaux, destinés notamment à l’industrie du tabac. Le secteur ayant connu d’importantes délocalisations, elle est sans doute l’une des dernières en France à être positionnée sur ce marché. Sa production est d’ailleurs principalement destinée à l’exportation. Malgré les profondes transformations du secteur, l’usine ariégeoise, rachetée par le groupe américain SWM en 1998, a su préserver jusqu’à aujourd’hui les savoir-faire spécifiques liés à la fabrication du papier de soie. Ces précieux savoir-faire sont aujourd’hui détenus par des professionnels dont la moyenne d’âge est plutôt élevée. Un capital humain auquel l’entreprise est particulièrement attentive. « D’autant plus que nous sommes dans un secteur rural et une région où la pratique du rugby et des sports extrêmes est profondément ancrée dans la culture locale, explique Christophe Combe, le directeur industriel. Conséquence : les corps s’usent sans doute plus vite qu’ailleurs. » En 2019, lorsque la médecine du travail signale la situation préoccupante d’un salarié présentant des troubles musculo-squelettiques, l’entreprise n’hésite donc pas une seconde à faire le nécessaire avec l’appui de Cap emploi et d’un cabinet d’ergonomie pour aménager son poste. Ce cas individuel interpelle la direction de l’entreprise et les différents intervenants. D’autres salariés de la papeterie ne risquent-ils pas à brève échéance de se trouver exposés à une situation d’inaptitude ? Afin de parer à toute éventualité, une démarche plus globale doit être envisagée.
Prévention des risques et compensation du handicap
L’approche proposée sort du cadre traditionnel des actions de maintien dans l’emploi. L’enjeu est d’engager une action collective à l’échelle de l’entreprise touchant tout à la fois à la prévention de la désinsertion professionnelle et à la compensation du handicap. Plusieurs acteurs se réunissent donc autour de la table : l’Agefiph, Cap emploi, le service prévention de la Carsat, l’Aract et la médecine du travail. Le cabinet d’ergonomie déjà mobilisé précédemment se voit confier la réalisation d’un état des lieux. Observation des postes et des équipements, analyse de l’organisation du travail, suivi quotidien des opérateurs, échange avec l’encadrement… Pendant une semaine, toute l’usine est passée au crible afin d’identifier d’éventuelles situations à risques et de proposer des solutions d’aménagement. De cette analyse, il ressort que quatre salariés présentent des difficultés particulières qui pourraient, à terme, menacer leur maintien au poste. Le cabinet d’ergonomie fait part de ses préconisations qui sont validées par tous les intervenants et par le CSSCT (ex-CHSCT) du site, associé à la démarche dès le début. Selon les aménagements, l’Agefiph apportera une contribution financière allant de 40 à 60 % des frais engagés.
Un bénéfice social et économique
Les équipements mis en place consistent principalement en des aides à la manutention. Ici, des tables élévatrices hydrauliques sont installées pour faciliter la manipulation des lourdes bobines de papiers, là une potence est mise en place pour éviter le port de charges à un salarié ayant des douleurs au poignet. Le process de contrôle de la qualité des coupes de papier est également repensé afin d’éviter les incessantes allées et venues entre l’atelier et le laboratoire. Enfin un cariste ayant perdu l’usage d’un œil voit son Fenwick équipé d’une caméra de recul. « Quand il y a des changements, on est toujours un peu sceptiques, reconnaît un salarié. Mais c’est vrai qu’on forçait beaucoup. On manipulait des pièces qui font 25-30 kg. Pour les mettre en place sur le tour, il fallait se pencher et les tenir à bout de bras. Le dos s’en ressentait le soir. Aujourd’hui, c’est le jour et la nuit ! » Les aménagements permettent non seulement de maintenir à leur poste les opérateurs ayant des restrictions médicales mais ils profitent également à leurs collègues. Pour Christophe Combe, le bénéfice de l’opération se mesure tant sur le plan social que sur la performance de l’entreprise. « Finalement, cette démarche aura nécessité un investissement en temps important de toutes les parties engagées. En revanche, l’investissement financier est réduit pour la collectivité par rapport à un reclassement externe d’un collaborateur. La majorité des salariés en a bien saisi les enjeux et les résultats sont là », estime-t-il. A découvrir, un reportage sur la démarche menée à la Papeterie de Saint-Girons : https://vimeo.com/594602997/79807e3445
TÉMOIGNAGE
Christophe Combe, directeur industriel « Une approche collaborative très appréciée »
« En tant qu’employeurs, nous ne pouvons mener seuls des actions de maintien dans l’emploi. L’aide extérieure est primordiale. Nous avons eu la chance de travailler avec des interlocuteurs très investis, qui ont su faire l’interface entre le terrain et la gestion administrative de la démarche pour apporter de vraies réponses opérationnelles. L’approche collaborative a également été très appréciée. »
FICHE D’IDENTITÉ
Entreprise : SWM Papeterie de Saint-Girons
Activité : industrie des biens intermédiaires
Région : Occitanie
Effectif : 270
Effectif TH : nc
Contact : Christophe Combe, directeur industriel – CCombe@swmintl.com
Mise à jour : 22/03/2022
FICHE TECHNIQUE
Nombre de personnes handicapées concernées : 4
Type de handicap : handicap moteur, handicap visuel
Aménagements
- techniques : oui
- organisationnel : oui
- formation : non
Financements : employeur, Agefiph,
Partenaires : Cap emploi, services de santé au travail, Carsat, Aract, cabinet d’ergonomie