Témoignage Entreprise

La MSA Picardie élabore une stratégie de recrutement avec les acte

Fin 2008, l’organisme de protection sociale picard se fixe pour objectif de recruter 15 travailleurs handicapés dans le cadre d’un plan d’action mis en place avec les partenaires régionaux. Moins d’un an plus tard, l’objectif est atteint.


L'expérience

Fiche rédigée le 14/11/09

Comment recruter à bac+2 ?

La maladie et le handicap sont des thèmes familiers à la Mutualité Sociale Agricole (MSA) qui est l’organisme de protection sociale (santé, famille, retraite, services) des professions agricoles. Elle a également en charge la médecine du travail dans ce secteur professionnel et intervient à ce titre sur les actions de maintien dans l’emploi de ses ressortissants. Il n’en demeure pas moins qu’en tant qu’employeur, la MSA est confrontée à la même problématique que toutes les entreprises du secteur tertiaire : comment susciter des candidatures chez des demandeurs d’emploi handicapés présentant des qualifications de niveau CAP-BEP quand on recrute à bac+2 ? En Picardie, la démarche est d’autant plus difficile que les trois départements de la région sont à dominante rurale. « Confronté à ces difficultés, nous avons interrogé l’Agefiph car nous avions le souci, en tant qu’organisme de protection sociale, de mettre en place une politique handicap efficace et crédible, explique Jérôme Caron, le DRH de la MSA de Picardie. La réponse qui lui est apportée est claire : «  Changez de regard, apprenez à recruter autrement, travaillez avec les acteurs de l’emploi des personnes handicapées. » L’Agefiph de Picardie propose à l’entreprise de l’y aider en élaborant avec elle une stratégie impliquant tous les interlocuteurs concernés.

Une concertation avec les acteurs de la région

Organisée jusqu’ici en fédération, la MSA vient juste de se restructurer en caisse « pluridépartementale », dont le siège se situe à Boves, près d’Amiens, et gère les trois sites de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme, ainsi que leurs 14 espaces d’accueil. La démarche doit donc se placer au niveau régional. Outre l’Agefiph, ce sont donc les responsables régionaux de Pôle emploi, les Cap emploi, les MDPH des trois départements picards et la Maison de l’emploi et de la formation d’Amiens qui sont conviés autour de la table fin 2008 pour mettre en place un plan d’action. De son côté, la MSA tient à montrer son engagement. Au côté du DRH, un vice-président du conseil d’administration, le directeur général, le médecin du travail, des responsables communication et une chargée de mission RH désignée comme référente handicap prennent place autour de la table. L’entreprise arrive également avec un objectif de recrutement : elle souhaite embaucher 15 travailleurs handicapés avant le 31 décembre 2010, dont 10 durant l’année 2009. C’est sur cette base que les partenaires construisent leur stratégie qui passe, dans un premier temps, par une réflexion approfondie sur les critères et les méthodes de recrutement.

Des compétences plutôt que des diplômes

Sur les conseils des Cap emploi, l’entreprise développe une autre approche du recrutement. Il ne s’agit plus désormais de se focaliser sur des profils ou des diplômes, mais sur des compétences. C’est du reste le mot-clé de la campagne de communication lancée au plan régional pour sensibiliser les directions, l’encadrement et les équipes. « L’important n’est pas ce que nous sommes mais ce que nous deviendrons », proclame l’affiche diffusée, qui représente un nourrisson abordant la vie avec les mêmes chances que les autres.

Au sein de la DRH, Jérôme Caron constitue une équipe pluridisciplinaire, chargée de la mise en œuvre et du suivi du projet. Cette cellule d’intégration réunit la référente handicap – qui coordonne l’action des partenaires extérieurs – le médecin du travail, le conseiller en prévention, un travailleur social et un responsable logistique, par ailleurs membre du CHSCT. « Nous sommes en contact permanent et faisons le point tous les 2-3 mois pour mesurer l’état d’avancement de la démarche, définir les besoins en termes de recrutement et aborder les situations individuelles des salariés handicapés », commente le DRH.
Toutes les offres d’emploi, portant essentiellement sur des postes de techniciens de prestations sociales, sont diffusées aux Cap emploi, charge à eux de présenter des candidatures en veillant aux questions d’adéquation.

La  recourt au recrutement par simulation

Dès les jours qui suivent la réunion fondatrice du partenariat, Jérôme Caron reçoit les premières candidatures de Cap emploi. Moins d’un an plus tard,  3 CDI et 12 CDD ont été signés dans les trois départements et l’entreprise flirte déjà avec un taux d’emploi de 6 %.

« Dès que nous avons vu qu’il était possible de recruter, une dynamique s’est instaurée qui a finalement dépassé nos intentions de départ », confie le DRH. Par ailleurs, quatre salariés déjà en poste ont déclaré spontanément leur handicap.

Si les objectifs initiaux sont atteints avec un an d’avance, la MSA souhaite pérenniser la démarche, « le taux d’emploi n’étant pas une fin en soi » .  Cela passe notamment par la mise en œuvre de la Méthode de recrutement  par simulation (MRS), mise en place avec les plateformes de vocation de Picardie pour des postes de techniciens maladie et cotisation. « Ce sont des postes-clés car du travail du technicien dépendent toutes les prestations versées à nos 150 000 adhérents », poursuit Jérôme Caron. Au départ, nous étions sceptiques sur la méthode que nous pensions plus adaptée à l’industrie qu’au secteur tertiaire. Mais le travail réalisé avec Pôle emploi a fini par nous convaincre. » Courant 2009, la plateforme de vocation d’Amiens a analysé les postes et élaboré des tests de recrutement sur mesure. Après avoir reçu une information collective sur les métiers, les candidats intéressés proposés par Cap emploi passeront les tests début 2010, parmi d’autres demandeurs d’emploi. Les personnes retenues suivront ensuite un parcours d’intégration classique avec notamment une période de tutorat.


[À suivre – Article à venir début 2010 sur la ]

Le témoignage

Caron Jérôme,

 de la

 de Picardie

« Nous avons appris à mieux anticiper sur les recrutements »

« En tant qu’organisme de protection sociale en charge également de la médecine du travail dans le secteur agricole, nous avions déjà une certaine culture du maintien dans l’emploi, mais nous ne faisions pas grand chose en matière de recrutement car nous avions la conviction qu’il n’y avait rien à faire, faute de candidats ! Le travail mené avec les différents partenaires nous a conduits à aborder le recrutement différemment. Recruter des travailleurs handicapés notamment via la méthode par simulation demande un peu de temps. Nous avons donc appris à anticiper davantage et à améliorer la gestion prévisionnelle des besoins, là où nous recrutions auparavant au coup par coup. C’est une belle avancée. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : MSA de Picardie
  • Activité : action sociale
  • Région : Picardie
  • Effectif entreprise : 600
  • Effectif TH de l'entreprise : nc
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Caron Jérôme (DRH) :
    caron.jerome@picardie.msa.fr
  • Mise à jour : 12/01/2010

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 15
  • Type de handicap : tous types
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : oui
    • de formation : non
  • Financement : MSA, Agefiph, Pôle emploi
  • Partenaires : Cap emploi Aisne, Cap emploi Oise, Cap emploi Somme, plateformes de vocation
Thématique
Publié le 22 septembre 2010