Kiabi expérimente un modèle de sous-traitance en région Rhône-Alpes
L'expérience
Article rédigé le 10/01/08
Un cahier des charges longuement réfléchi
En 2004, l’association Messidor, important groupement d’établissements et services d’aide par le travail (Esat), contacte le groupe Kiabi par l’intermédiaire du responsable du magasin de Givors (Rhône) pour proposer la mise en place d’un partenariat sur la région Rhône-Alpes. La direction régionale de l’enseigne et la mission handicap se déclarent prêtes à mener la réflexion, mais elles préfèrent que l’intervention de l’Esat soit d’abord expérimentée à Givors pour être ensuite modélisée et transposée dans d’autres magasins.
Malgré trois changements de direction dans l’établissement de Givors, le projet, soutenu par les responsables de magasins successifs, aboutit finalement à un premier contrat courant 2005. Il aura fallu près d’un an pour élaborer le cahier des charges, définir le nombre de personnes impliquées, le découpage de la mission, le niveau d’encadrement et certains aspects financiers touchant notamment au transport des salariés de l’Esat.
Des équipes autonomes en magasin
Il est convenu qu'une équipe de 4 personnes interviendra quotidiennement au magasin pour réceptionner les livraisons, trier les vêtements par rayon (dispatching) et effectuer le cintrage. Une fois rangés sur des portants, les produits sont remis aux conseillers de vente qui les installent en rayon. « Ce process s'est mis en place progressivement, témoigne Carole Perez, actuelle responsable du magasin. Il a l'avantage de décharger les conseillers de vente qui sont, de ce fait, plus disponibles pour les clients. »
En termes d'encadrement, un responsable de l'Esat est présent dans les premiers temps, mais ses interventions se raréfient au fur et à mesure que l'équipe gagne en autonomie. « Le plus souvent, tout se passe bien, confie Carole Perez, mais en cas de difficulté, je n'interviens pas directement auprès de l'équipe car on ne manage pas des personnes ayant un problème psychique comme des salariés ordinaires. C'est donc l'encadrant de Messidor, contacté par téléphone, qui intervient dans ces moments-là »
« L’effet Givors »
Après plusieurs mois de fonctionnement, le partenariat s'avère viable. La mission handicap fait réaliser un film sur l'expérience de Givors, qui est présenté en janvier 2006 lors de la convention nationale Kiabi. Dès lors, le responsable du magasin de Saint Priest (69), accompagné par la direction générale et la mission handicap, accepte à son tour de tenter l'expérience, l'objectif étant désormais, à terme, de démultiplier l'action au niveau national. « À ce stade, le message est clairement relayé par la direction du groupe. S'engager dans un projet comme celui-ci est désormais valorisant pour un responsable de magasin. De ce point de vue, on peut dire qu'il y a eu un « effet Givors », commente Olivier Ballenghien, chargé de mission handicap chez Kiabi. De fait, courant 2006, quinze établissements du réseau (qui compte 150 magasins) établissent des partenariats avec le secteur protégé.
Trouver le bon équilibre budgétaire
Sur le plan strictement quantitatif, « l’effet Givors » se mesure très concrètement : alors qu’en 2005, le groupe Kiabi déclarait 4 unités bénéficiaires au titre de la sous-traitance, il est passé à 15 unités bénéficiaires en 2006 et s’est fixé, dans le cadre de son accord d’entreprise, d’atteindre les 40 à l’horizon 2009. « La démarche est donc très positive même si elle doit encore être affinée sur les plans économiques et organisationnels », conclut Olivier Ballenghien. Tous les magasins n’ont en effet pas les moyens de recourir ainsi à la sous-traitance et certains établissements, dont celui de Givors, s’apprêtent à renoncer pour des raisons budgétaires. « Le modèle fonctionne et je suis très satisfaite du partenariat avec Messidor, commente Carole Perez, mais le coût reste élevé. En 2007, nous n’avons pas pu embaucher, faute de moyens. Il a donc fallu faire un choix. Au niveau de mon magasin, je pense que l’idéal serait d’envisager un système d’intérim et de solliciter l’Esat dans les périodes de forte activité comme les soldes, la rentrée des classes ou l’arrivée des nouvelles collections. Nous sommes en train d’étudier cette possibilité avec Messidor. »
Le témoignage
Ballenghien Olivier, chargée de mission handicap
« La modélisation n’est possible qu’à partir d’expériences locales »
« Dans un réseau succursaliste comme le nôtre, il est primordial de partir du local car chaque magasin est différent. Il y a quelques années, nous avions envisagé de signer un accord-cadre au niveau national avec l’
APF
sur la sous-traitance afin de faire fonctionner ensemble nos réseaux respectifs, mais après un premier état des lieux, nous avons réalisé que la modélisation était impossible. Avec Messidor, nous avons inversé la démarche, ce qui nous a permis d’aller beaucoup plus loin. Deux conditions sont essentielles pour mener à bien ce type de projet : d’abord, être soutenu par la hiérarchie, d’autre part, pouvoir s’appuyer sur le directeur du magasin dont l’engagement est décisif. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Groupe : Kiabi
- Entreprise : Magasin Kiabi (Givors)
- Activité : Magasin de prêt-à-porter
- Région : Rhône-Alpes
- Effectif entreprise : 5 500
- Effectif etablissement : nc
- Effectif TH de l'entreprise : 80
- Effectif TH de l'etablissement : nc
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 20 (France)
- Accord d’entreprise : OUI
- Convention Agefiph : NON
- Contact : Ballenghien Olivier (Chargé de mission handicap) :
o.ballenghien@kiabi.com - Mise à jour : 25/01/2008
La fiche technique
- Durée de préparation du projet : 1 an
- Effectifs détachés en magasin : 4
- Nom de l'Esat : Messidor
- Implantation : 70 unités de production en région Rhône-Alpes
- Types de prestations : entretien d'espaces verts, activités graphiques, propreté, restauration, prestations industrielles, logistique…
- Nombre de salariés : 410