Hussor recrute et forme comme soudeur un salarié sourd issu d’une entreprise adaptée

L'expérience

Fiche rédigée le 01/04/2015

Une candidature spontanée via une entreprise adaptée

Le secteur industriel n’est pas nécessairement le premier auquel on songe lorsque l’on évoque l’emploi des personnes handicapées.
Pénibilité, sécurité, les arguments ne manquent pas pour expliquer la supposée inadéquation entre les métiers du secteur et les différents handicaps.
Pourtant, certaines entreprises ne craignent pas d’aller au-delà des idées reçues. La société Hussor est de celles-là. Cette PME alsacienne spécialisée dans la fabrication de coffrages métalliques destinés aux entreprises du bâtiment et des travaux publics répond aujourd’hui pleinement à son obligation d’emploi de personnes handicapées. « Plutôt que de verser une contribution annuelle à l’Agefiph, nous avons fait le choix de nous engager dans une démarche positive en recrutant et en formant si besoin les candidats handicapés qui se présentent à nous », explique Raymond Loos, le directeur industriel. Pour ce faire, l’entreprise a noué, au fil des années, des liens avec différentes associations spécialisées qui lui proposent régulièrement des candidatures. C’est ainsi que l’association Lea, qui fédère des entreprises adaptées alsaciennes, suggère à Raymond Loos de rencontrer Abidin, un jeune homme d’une trentaine d’années, salarié de l’entreprise adaptée Saveco. Il n’a aucune expérience dans le domaine de la soudure et présente une surdité profonde. Pourtant, dès le premier entretien, le directeur industriel est convaincu de sa motivation à intégrer le milieu ordinaire de travail et de sa capacité à devenir soudeur.

Formation et mise à disposition transitoire

« Mes interrogations sur la manière dont nous pourrions communiquer ont été levées dès la première rencontre, se souvient Raymond Loos. Abidin lit sur les lèvres et oralise. On apprend vite à dialoguer avec lui. » Il est en revanche beaucoup moins aisé de trouver un centre de formation adapté susceptible de le former au métier de soudeur. C’est finalement l’Institut de soudure de Strasbourg qui l’accueille, les apprentissages théoriques étant complétés par une période de stage pratique chez Hussor.
Pendant toute cette phase de formation, Abidin reste salarié de l’entreprise adaptée. Pour sécuriser au maximum la transition, il entrera ensuite chez son futur employeur dans le cadre d’une mise à disposition de 6 mois.
Avant même que ne démarre la formation du jeune homme, Raymond Loos fait part du projet à l’encadrement et aux représentants du personnel. « L’encadrement était immédiatement partant pour relever le challenge mais le CHSCT* s’est montré très réservé sur ce recrutement, arguant des risques encourus par une personne sourde dans nos ateliers, entre les chariots élévateurs et les ponts roulants. » Le fait qu’Abidin ait déjà travaillé en atelier, qu’il ait par ailleurs officié comme chauffeur-livreur et se rende quotidiennement au travail au volant de sa voiture ne suffit pas à lever ces doutes. Pas plus que le feu vert accordé par le médecin du travail. « Finalement, Cap emploi, qui nous a accompagné tout au long de la démarche, m’a suggéré d’organiser une réunion de sensibilisation avec une association spécialisée, l’Urapeda. »

Une sensibilisation pour lever les interrogations du CHSCT

La séance d’une demi-journée réunit l’encadrement, les représentants du personnel et les membres du CHSCT. Question après question, l’intervenant lève une à une les objections et détaille toutes les questions relatives à la sécurité, la communication et la compensation du handicap. Au final, cette réunion suscite le déclic attendu et permet de concrétiser le projet d’embauche : Abidin signe son CDI chez Hussor en août 2013.
« Des questions ont évidemment continué à se poser, précise Raymond Loos. Dans les premières semaines, il a par exemple été affecté dans une zone un peu à l’écart du passage des engins et a dû insister pour ne pas rester isolé. Récemment encore, le CHSCT m’a interpelé sur des questions de risques incendie et un dossier est en cours avec le Sameth pour faire l’acquisition d’un dispositif d’alerte par vibreur. »
Mais au final, Abidin s’est parfaitement intégré dans l’entreprise et chacun a progressivement assimilé les principes de communication avec lui. « Depuis son embauche, nous avons sollicité l’Agefiph une seule fois pour l’intervention d’un interprète en LSF à l’occasion d’une formation à la manipulation des ponts roulants. »

* Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail

Le témoignage

Raymond Loos, directeur industriel de l’entreprise Hussor

« Grâce à notre réseau, nous nous créons des opportunités de recruter des salariés motivés et prêts à se former »

« Si nous voulons répondre intelligemment à notre obligation d’emploi des personnes handicapées, nous ne pouvons tout de même pas attendre que nos salariés en poste le deviennent ! Alors nous allons chercher des candidats, que nous formons ensuite, en tissant un réseau de relation avec des associations spécialisées, en entretenant des relations  régulières avec Cap emploi, en participant à des événements comme la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées… Cela nous permet d’avoir des opportunités de recruter des salariés motivés et prêts à se former. »

La fiche d'identité de l'entreprise

• Entreprise : Hussor
• Activité : Industrie de biens d’équipements
• Région : Alsace
• Effectif établissement : 100
• Effectif TH : 5
• Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
• Contact : Raymond Loos, directeur industriel - rloos@hussor.com

La fiche technique

• Nombre de salariés concernés : 1
• Type de handicap : déficience auditive
• Aménagements :
  • techniques : oui
  • organisationnels : oui
  • de formation : oui
• Financement : Agefiph, Hussor
• Partenaires : Urapeda