Hiver comme & Thé, un salon de thé solidaire à Marseille

Après dix-sept ans passés au sein de plusieurs institutions du secteur médico-social (notamment l’Irsam, Institut régional de jeunes Sourds et Aveugles de Marseille), Coralie Chabran crée au printemps 2021 un salon de thé à Marseille. « J’ai souhaité passer de l’autre côté, celui des entreprises, pour répondre moi-même et à ma mesure, aux demandes de formation de jeunes handicapés, et leur offrir ce que les employeurs ne leur accordent pas toujours, par peurs, préjugés ou méconnaissance du handicap : leur ouvrir leur monde pour qu’ils trouvent leur place dans la société. »

Le salon de thé, baptisé Hiver comme & Thé, réunit les deux passions de Coralie Chabran : son métier d’éducatrice spécialisée, dont elle ne veut pas s’éloigner, et la pâtisserie. « Il m’arrivait d’organiser des ateliers pâtisserie à l’Irsam. Je constatais que les jeunes adoraient voir leurs propres réalisations se concrétiser et les goûter. Chaque fois, ça fonctionnait. » Coralie Chabran tient son concept et le peaufine pendant deux ans, s’inspirant au passage, des Cafés Joyeux ou du Reflet à Nantes, ces cafés et restaurants inclusifs qui emploient des jeunes, porteurs de handicap intellectuel ou cognitif. « Ces projets sont très ambitieux, j’espère un jour pouvoir les imiter. Pour l’instant, ma boutique est plus petite, elle me correspond bien. J’ai souhaité privilégier le côté « cocon » où tous, clients et stagiaires, partagent le même espace, avec un esprit de proximité et d’ouverture. »

Au cours des travaux d’installation du salon de thé, Coralie fixe dans la vitrine un panneau expliquant son concept et sa démarche en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes personnes handicapées, par le biais de stages. Rapidement, des parents du quartier poussent la porte pour discuter avec elle et lui demander de recevoir leur fils ou leur fille. Son expérience d’éducatrice spécialisée rassure généralement les familles auxquelles elle propose un « entretien de motivation » pour confirmer l’appétence de leur enfant pour travailler, une semaine à 15 jours, avec elle. « C’est important de leur laisser la parole et d’entendre leur projet, souligne Coralie Chabran. Si ça colle, on signe une convention avec la structure qui les accompagne ou avec une association de parents, et on planifie les dates. L’idée est de faire simple, direct ! »

Lors de leurs stages qu’ils effectuent à deux, les stagiaires, âgés de 16 à 25 ans et plus, testent les trois activités du salon de thé : la cuisine et la pâtisserie, le service et la vente. Ils apprennent à tenir une caisse, à rendre la monnaie, à communiquer avec les clients ; ils gèrent le service, débarrassent et confectionnent de petites pâtisseries et des recettes salées simples. Coralie Chabran sollicite aussi les stagiaires pour imaginer une entrée et un dessert à réaliser ensemble, qui seront inscrits à la carte du jour. Pour elle, c’est une façon de valoriser leur créativité, leur travail et de les mettre à l’honneur. Les horaires des stagiaires sont adaptés, en raison de leur fatigabilité.

Certains jours, la gérante constate avec amusement que ses stagiaires « squattent » un peu, savourant un thé après leurs heures de service, au frais et au calme, preuve qu’ils s’y sentent bien. « Tous s’entraident, des affinités se créent. » Les premiers retours des parents sont également positifs. Ils n’hésitent pas à inviter familles et amis à passer au salon de thé saluer leur enfant « au travail » et l’observer « faire l’expérience du milieu ordinaire », ce qui les rend très fiers. « La plupart des familles ont vécu le parcours du combattant, note Coralie Chabran. Voir leur fils ou leur fille travailler restaure chez eux une confiance, une image de soi bien souvent mise à mal. »

Dès l’ouverture, le bouche-à-oreille a suffit pour pourvoir les offres de stage pour l’été 2021. A la rentrée, Coralie Chabran souhaite embaucher une personne handicapée en contrat d’apprentissage pour un CAP agent polyvalent de restauration (APR). « Puis deux et peut-être trois, si l’activité se développe bien… »

Le recrutement devrait probablement se faire parmi les stagiaires les plus investis et désireux de poursuivre l’aventure. « L’une d’entre elles m’a déjà fait savoir qu’elle voulait venir travailler en septembre. Le choix se fera naturellement, lui aussi : j’ai envie de me laisser porter par l’envie de ces jeunes. »

Les voisins du quartier, très vivant et en pleine mutation, ont tout de suite adopté la boutique dont ils n’hésitent pas à pousser la porte pour prendre des nouvelles, encourager et bien sûr venir petit-déjeuner, déjeuner ou goûter. Un IME de Marseille s’est par ailleurs manifesté auprès de Coralie Chabran pour l’accueil de stagiaires. Et l’Irsam, son ancien employeur, lui a déjà passé commande pour son repas de fin d’année.

« Je donne aussi ici des cours de langue des signes française (LSF) à un jeune papa dont le fils signe déjà. C’est venu comme ça, en discutant. J’aimerais bien développer cet apprentissage lors d’ateliers de pâtisserie, ouverts à tous, aux jeunes handicapés comme à leurs familles, aux habitants du quartier, le dimanche matin. L’idée, là encore, est de démystifier le handicap pour qu’il ne soit pas vécu comme une étrangeté mais bien comme une richesse parmi d’autres. »

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Entreprise : Hiver comme & thé

Activité : Restauration

Région : PACA

Effectif : 1

Effectif TH : -

Unités valorisables au titre de la sous-traitance : -

Accord agréé : non

Convention Agefiph : non

Contact : Coralie Chabran, gérante – hiver.comme.et.the@gmail.com

Mise à jour : 22.06.2021

Nombre de personnes handicapées concernées : 2

Type de handicap : tout type de handicaps

Aménagements

- techniques : non

- organisationnel : oui

- formation : oui

Financements : Hiver comme & Thé

Partenaires : -