Guéripel facilite le passage en milieu ordinaire pour deux travailleurs d’Esat

Dans les ateliers de l’entreprise Guéripel, une quarantaine de salariés fabrique une grande diversité de tubes destinés à l’industrie. Depuis près de 60 ans, la PME iséroise travaille comme sous-traitant pour le compte de grandes entreprises industrielles dans les secteurs du transport, du ferroviaire, de l’énergie ou encore des équipements militaires. La société est dirigée depuis 2014 par Alain Lèbre. « A mon arrivée, l’entreprise travaillait depuis plusieurs années avec un Esat local, Les Ateliers du Plantau, situé sur la même commune que nous, se souvient-il. Cela fonctionnait bien, j’ai donc décidé de poursuivre ce partenariat. » A l’époque, l’Esat détache une petite équipe de 3 travailleurs chez Guéripel. Ils sont alors directement encadrés par un chef d’atelier de l’entreprise spécialement formé par l’Esat. Cette mission sera ensuite confiée à des chefs d’équipes également sensibilisés au handicap. Les relations avec l’Esat sont très suivies : chaque semaine, une réunion commune est organisée pour faire le point. Les tâches confiées aux travailleurs détachés varient selon leurs capacités. Elles vont de la manutention simple à différentes opérations de nettoyage, de façonnage et/ou de contrôle des pièces, chaque opérateur étant amené à évoluer en fonction de ses possibilités.

Âgé d’une quarantaine d’années, Lionel a intégré en 2012 l’équipe des travailleurs détachés chez Guéripel. Avec le temps, il a progressivement gagné en assurance et en polyvalence. En 2018, le contrat de mise à disposition qui lui a été proposé dans l’intervalle arrive à échéance. Sauf exception, la durée légale de ce contrat, pendant lequel le travailleur handicapé reste juridiquement rattaché à l’Esat, est de deux ans. Au-delà, il doit être embauché par l’entreprise ou missionné chez un autre employeur. « Nous étions très satisfaits du travail de Lionel qui avait acquis tous les savoir-faire et les savoir-être nécessaires. Nous n’avons donc eu aucune hésitation à lui proposer un CDI quand il nous a fait part de sa volonté de rester », se souvient Alain Lèbre. Pour le dirigeant de l’entreprise, l’embauche définitive de l’opérateur n’a fait que confirmer le travail d’intégration déjà réalisé en amont. « C’est tout l’intérêt de la mise à disposition : elle permet de donner tout le temps nécessaire à la personne, comme à l’encadrement, de s’adapter, de tester des choses, d’installer des habitudes. En cas d’échec, il y a toujours la solution d’un retour à l’Esat sans qu’il y ait eu de prise de risque d’un côté comme de l’autre. » En guise de reconnaissance du travail déjà accompli par Lionel, Guéripel a d’ailleurs décidé de prendre en compte son ancienneté au moment de l’embauche,

Lionel n’est pas le seul à avoir franchi le pas vers le milieu ordinaire grâce à l’entreprise. En septembre 2021, Franck, un deuxième travailleur de l’Esat, a également été embauché chez Guéripel. Lui aussi âgé de la quarantaine, il a suivi le même parcours que son collègue incluant une phase de mise à disposition. « Si l’embauche, réalisée dans ces conditions, est une formalité pour nous, elle constitue un pas important pour ces travailleurs en termes de statut, de rémunération. Ils en tirent une grande fierté », constate Alain Lèbre. Lui-même ne connaît pas le détail du handicap de ses deux opérateurs, si ce n’est qu’ils présentent « une certaine fragilité », qui exige un minimum de vigilance de la part de l’encadrement « car la vie en entreprise n’est jamais simple ». Une convention de suivi d’une durée de trois ans a d’ailleurs été signée avec l’Esat pour sécuriser la transition. Depuis les deux embauches, le partenariat avec l’établissement se poursuit. « Pour l’instant, nous n’accueillons plus de travailleurs dans nos murs mais nous continuons à confier des marchés de sous-traitance à l’Esat qui réalise ses prestations dans ses propres ateliers. »

Alain Lebre, président du directoire de Guéripel « Il faut trouver le bon équilibre pour encadrer les personnes convenablement »