Grièvement blessé au dos, Olivier reprend son activité sur l’exploitation agricole familiale après aménagement
L'expérience
Article rédigé le 02/06/08
Un an d’arrêt suite à l’accident
Les frères Batard reprennent la ferme familiale en 1984, à la suite de leurs parents. L’exploitation, implantée dans la zone périurbaine de Nantes, compte bientôt 150 têtes dont 60 vaches laitières et 160 hectares d’herbes, de maïs et de blé. L’essentiel de la production de lait est mise en bouteilles et vendue en direct auprès de la grande distribution sous la marque « La Ferme de la Moricière » . Olivier s’occupe des bêtes, sa passion. C’est son frère qui gère l’activité commerciale. Les travaux des champs sont assurés par les deux frères aidés d’un salarié agricole. En mai 2005, Olivier va aider un voisin à rentrer l’ensilage, le stock de nourriture des animaux pour l’automne et l’hiver. L’opération de déchargement tourne mal, Olivier est projeté en l’air au volant de son tracteur et retombe avec. Hospitalisé, il est ensuite immobilisé 3 mois dans un corset puis arrêté jusqu’en mars 2006.
Une étude complète des tâches réalisées sur l’exploitation
Pour pallier l’absence d’Olivier, les parents sont appelés à la rescousse. Lorsqu’il peut enfin reprendre le travail, aucun aménagement n’a encore été envisagé. Très vite, il apparaît que plusieurs tâches, et notamment le port de charges, génèrent des douleurs insupportables chez l’agriculteur. En octobre 2006, une équipe de la MSA effectue, sur site, une étude médico-technique. Tous les postes de travail de l’exploitation sont passés au crible. Selon les conclusions, aucun reclassement n’est envisageable pour Olivier, pas plus aux champs que sur les routes, à ravitailler les grandes surfaces. Des solutions d’aménagement sont donc imaginées. Tracteur et « Manitou » sont équipés de sièges pneumatiques pour amortir les chocs et vibrations. Sur la remorque, une béquille hydraulique remplace l’ancienne manivelle afin de réduire tout effort à l’attelage comme au dételage. La nurserie est équipée d’un « Dal », un distributeur automatique de lait. Grâce à ce système, les veaux, munis d’une puce électronique, reçoivent leur ration quotidienne de lait, au centilitre près. Enfin, pour nourrir les génisses, une dérouleuse à foin, attelée au tracteur, épargne à Olivier la distribution manuelle.
Une démarche accompagnée par la MSA et l’Agefiph
Dès sa période d’arrêt de travail, Olivier Batard est suivi par un médecin de la Mutuelle sociale agricole (MSA). Malgré cette longue immobilisation, il ne recouvre pas la totalité de ses capacités physiques. De retour sur l’exploitation, il se voit donc contraint de demander à son salarié de l’aider, en plus de ses heures de travail. Cette organisation n’est pas viable à long terme. Le médecin le met alors en relation avec le service social de la MSA qui encourage l’agriculteur à entamer une démarche de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Grâce à elle, les services de la MSA et Olivier Batard montent un dossier complet – médical et technique – assorti des devis des équipements envisagés, qu’ils transmettent à l’Agefiph. Le dossier validé, l’Agefiph prend en charge une importante partie des investissements, le solde étant financé par le Gaec.
Une autre approche du métier
La réception et l’installation des équipements ont lieu deux ans après l’accident, à l’exception du distributeur automatique de lait, dont la livraison est différée de quelques mois. La mise en place de ce système a nécessité de repenser entièrement le bâtiment nurserie. Aujourd’hui, Olivier Batard se dit soulagé au sens propre comme au figuré par ces dispositifs dont il ne soupçonnait même pas l’existence. À de rares exceptions près, pour lesquelles il fait appel à son frère ou au salarié, il est autonome dans son travail et ne s’expose pas à une aggravation de son handicap. Il a désormais pleinement conscience des dangers de son métier « où l’on veut toujours faire plus vite » . Il sollicite également plus qu’avant la Coopérative d’utilisation de matériels agricoles (Cuma) et des salariés agricoles pour effectuer des tâches à sa place. Après l’accident, il a finalement adopté une autre approche de son métier.
Le témoignage
Batard Olivier, agriculteur salarié
« Je regarde la vie différemment »
« J’ai vraiment eu peur car j’aurais pu être paralysé après mon accident. Alors, il est certain qu’aujourd’hui, j’appréhende l’activité avec plus de prudence. Et puis je profite plus de ma famille, je prends plus de vacances. En somme, je regarde la vie différemment. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Gaec La Moricière
- Activité : Exploitation agricole
- Région : Pays de la Loire
- Effectif entreprise : 3
- Effectif TH de l'entreprise : 1
- Contact : Batard Olivier (agriculteur salarié) :
- Mise à jour : 18/07/2008
La fiche technique
- Nombre de salariés concernés : 1
- Type de handicap : moteur
- Aménagements :
- techniques : oui
- organisationnels : non
- de formation : non
- Financement : Agefiph, Gaec La Moricière
- Partenaires : médecin du travail, service social MSA