Golfe Peinture intègre dans ses équipes un peintre sourd profond

« Dans notre secteur d’activité, nous sommes en recrutement quasi permanent car le marché est en pleine croissance. Dans le même temps, nous avons beaucoup de mal à trouver des candidats compétents présentant la motivation suffisante pour se maintenir dans l’entreprise dans la durée. » Comme tous les employeurs du bâtiment, Alain Mazelier, directeur de l’entreprise Golfe Peinture, ne ménage pas sa peine pour trouver les perles rares susceptibles de venir renforcer ses équipes. Spécialisée dans les travaux de peinture et la pose des sols, principalement sur de gros chantiers d’habitat collectif, son entreprise, filiale du groupe Lucas, emploie actuellement une quarantaine de salariés.

Pour contourner la pénurie de vocation, le patron morbihannais est tout disposé à élargir ses sources habituelles de recrutement. C’est ce qui l’a conduit à solliciter Cap emploi. « Un de mes salariés m’a parlé un jour d’un membre de sa famille qui est malentendant et qui travaille dans le bâtiment sans difficulté particulière. Je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à explorer dans cette direction. La piste était d’autant plus intéressante que nous sommes soumis à l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés. »

Quelques temps plus tard, une candidature lui est adressée : Xavier est sourd profond. Âgé d’une quarantaine d’années, il a déjà un passé professionnel derrière lui mais a toujours travaillé dans le cadre de missions saisonnières, principalement sur des travaux de peinture extérieurs. Il aspire depuis longtemps à un emploi stable.

A l’issue du premier entretien, réalisé en présence d’un interprète en langue des signes, de nombreuses questions se posent à Alain Mazelier. Au plan technique, Xavier ne présente pas tout à fait les compétences requises pour intervenir sur des travaux intérieurs, en particulier sur les finitions. Sa surdité soulève par ailleurs des interrogations sur le plan de la sécurité et de la communication. « Contrairement aux travaux de peinture extérieurs, souvent réalisés seul, l’intervention dans des logements en cours de construction suppose une coordination permanente avec l’équipe », explique Alain Mazelier.

Une période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP) rassure le dirigeant de l’entreprise sur les savoir-faire professionnels de Xavier, d’autant plus qu’une action de formation préalable au recrutement (AFPR) de 3 mois, réalisée au poste de travail et financée par Pôle emploi, permettra de combler les écarts de compétences.

Accompagnée durant les premiers jours par un interprète en langue des signes, cette phase est justement l’occasion de lever les appréhensions sur le plan de la communication. « Xavier a été formé par ses collègues qui ont joué le jeu. De son côté, il s’est montré très volontaire. Ce faisant, des liens se sont créés entre eux. Ils ont appris à communiquer par gestes. Tout le monde a aussi découvert que Xavier pouvait lire sur les lèvres. »

De la même manière, les interrogations de départ relatives à la sécurité tombent au fur et à mesure que le salarié sourd s’intègre dans l’équipe. « Des petites choses simples ont été mises en place spontanément et des réflexes se sont créés. Par exemple, Xavier ne travaille jamais seul. Ces habitudes sont d’autant plus ancrées que l’équipe est toujours la même », détaille Alain Mazelier. En dehors de l’organisation de travail, aucun aménagement ne s’avère nécessaire. Le dirigeant de l’entreprise souligne par ailleurs l’importance de l’accompagnement par Cap emploi et de l’Agefiph. « Ils ont été là de bout en bout : au moment de la candidature, de la mobilisation de l’interprète et de la mise en place du plan de formation. Sans eux, on n’aurait jamais su faire. »

Au bout du compte, Alain Mazelier se félicite aujourd’hui d’avoir recruté un excellent ouvrier, toujours attaché à bien faire son travail. « Il est vraiment dommage qu’on l’ait cantonné à des chantiers saisonniers du fait de sa surdité et qu’on ne lui ait pas donné plus tôt l’opportunité de développer ses compétences », regrette-t-il.

Ma grande inquiétude au départ était de savoir comment l’équipe allait réagir à l’arrivée de Xavier. A priori, il n’est pas forcément facile d’accueillir un collègue sourd. Au final, l’intégration s’est très bien passée, grâce à la présence de l’interprète, et la communication a tout de suite été établie. Depuis, des habitudes se sont créées.

Entreprise : Golfe Peinture

Groupe : Lucas

Activité : construction

Région : Bretagne

Effectif : 40

Effectif TH : 

Contact : Alain Mazelier, directeur – golfepeinture@lucas.fr

Mise à jour : 04/04/2023

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap : déficience auditive

Aménagements

- techniques : non

- organisationnel : oui

- formation : oui

Financements : Pôle emploi, Agefiph

Partenaires : Cap emploi, interprète LSF