Famat privilégie la proximité du médecin du travail avec les salariés pour faciliter le maintien dans l’emploi
L'expérience
Article rédigé le 13/10/08
Anticiper pour éviter les situations critiques
Depuis une dizaine d’année, le docteur François Guinot, médecin du travail, intervient deux jours et demi par semaine au sein de l’entreprise Famat (Fabrications Mécaniques de l’Atlantique), fabricant de carters de moteurs destinées à l’aéronautique. Il est notamment en charge des actions de maintien dans l’emploi en lien avec la direction des ressources humaines. Chaque année, il est amené à orienter une petite dizaine de salariés vers un reclassement ou un réaménagement d’horaire. « Nous sommes confrontés à toutes les pathologies : maladies invalidantes, problèmes psychologiques, douleurs au dos et lombalgies, notamment chez les soudeurs, particulièrement exposés, commente-t-il. Jusqu’ici, nous avons toujours trouvé des solutions, mais c’est de plus en plus difficile car les postes “doux” deviennent rares. Mon objectif est d’anticiper au maximum afin d’éviter les situations critiques. »
Une présence marquée du service médical dans l’atelier
Pour mener à bien sa mission et intervenir le plus tôt possible, François Guinot dispose de quelques atouts importants : du fait de son ancienneté dans l’entreprise, il connaît parfaitement le fonctionnement de l’usine. Par ailleurs, il peut s’appuyer sur la présence d’une infirmière à plein temps dans les ateliers. « Cette proximité facilite les échanges réguliers avec les salariés qui ont le réflexe de pousser la porte du service médical. Certains viennent d’ailleurs nous voir tout simplement parce qu’ils ont besoin de parler ou pour demander un conseil. Il est donc plus facile d’identifier les personnes susceptibles de rencontrer des difficultés. »
Le docteur Guinot reçoit par ailleurs systématiquement les salariés ayant eu un arrêt de travail de plus de trois semaines. « Sauf urgence, je n’aborde jamais de but en blanc la question du maintien. Lorsqu’un salarié risque d’être concerné tôt ou tard, je prends le temps d’expliquer les choses de manière à ce que l’idée fasse son chemin. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Évidemment, le fait de devenir une personne handicapée fait peur. Mais lorsque le salarié apprend qu’il a déjà, sans le savoir, 19 collègues handicapés dans l’usine, il envisage les choses plus sereinement car il sait qu’il ne sera pas pointé du doigt. »
Une fois que l’idée est intégrée par la personne, François Guinot en informe, avec son accord, le directeur des ressources humaines. Grâce à sa connaissance de l’entreprise, il est en mesure de joindre au signalement des recommandations concrètes en vue du maintien dans l’emploi.
Aménagements d’horaires et reclassements
Le plus souvent, les choix s’orientent vers le réaménagement d’horaires. « Beaucoup de salariés travaillent de nuit. Lorsque des difficultés se présentent, nous les faisons passer en journée normale ou nous veillons à ce qu’ils aient des horaires plus réguliers. Mais la marge de manœuvre est étroite car la production a ses impératifs », commente le médecin. L’entreprise propose également des reclassements à des postes hors production (contrôle, gestion de production, magasinage etc.), mais là aussi, l’équilibre de l’entreprise doit être préservé. En cas de besoin de formation ou de bilan de compétence, l’entreprise sollicite le Sameth de Loire-Atlantique.
Quant aux aménagements techniques, qui sont beaucoup plus rares, ils sont généralement gérés en interne car le Dr Guinot a une formation ergonomique et les services concernés, dans l’entreprise, possèdent cette compétence, « du moins dans la méthodologie », précise le médecin. Le recours à des ergonomes extérieurs n’intervient qu’en cas de grands chantiers comme, par exemple, l’installation d’une nouvelle unité de travail.
« L’entreprise doit aussi s’ouvrir au recrutement »
Pour la seule année 2008, François Guinot a mené à bien sept actions de maintien dans l’emploi et d’autres dossiers sont en cours. Le médecin note de belles réussites : celle, par exemple, de cet usineur diabétique devenu un temps ajusteur puis orienté vers un métier de technicien d’atelier. Ou encore un reclassement intervenu avant même que le salarié ne soit confronté à une situation d’inaptitude.
« La direction des ressources humaines de l’usine a parfaitement saisi les enjeux du maintien dans l’emploi, conclut François Guinot. Ensemble, nous gérons assez bien les situations qui se présentent, même si elles ne sont pas toujours simples. En revanche, je pense que d’une manière générale, l’entreprise ne recourt pas suffisamment aux aides de l’Agefiph. »
Autre point de vue défendu par le médecin du travail : l’intégration de personnes handicapées dans l’entreprise. « Se préoccuper du maintien, c’est bien. Mais il faut aussi recruter. L’entreprise n’a pas de véritable démarche dans ce sens. Je le souligne chaque année dans mon rapport. » Les choses semblent toutefois évoluer puisque l’usine accueillera prochainement, pour la première fois, un apprenti bénéficiant d’une reconnaissance.
Le témoignage
Guinot François, Médecin du travail
« La capacité de maintien dans l’emploi se réduit d’année en année »
« Le maintien dans l’emploi est entré dans la culture de l’entreprise. Il y a une vraie relation de confiance entre le service médical et le service des ressources humaines. Notre principale difficulté réside dans le fait que les capacités de reclassement ou de réaménagement d’horaires de l’usine sont limitées. D’année en année, le nombre de solutions se réduit. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Groupe : Safran
- Entreprise : Famat (Fabrications mécaniques de l'Atlantique)
- Activité : Industrie aéronautique
- Région : Pays de la Loire
- Effectif entreprise : 460
- Effectif TH de l'entreprise : 19
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
- Accord d’entreprise : OUI
- Convention Agefiph : NON
- Contact : Guinot François (médecin du travail) :
francois.guinot@famat.fr - Mise à jour : 20/11/2008
La fiche technique
- Type de handicap : tous types
- Aménagements :
- techniques : oui
- organisationnels : oui
- de formation : oui
- Financement : Famat, Agefiph
- Partenaires : Sameth