Témoignage Entreprise

Essilor pérennise un partenariat industriel avec un Esat en intégrant un atelier sur son site de Ligny-en-Barrois

En 2009, le contrat de sous-traitance entre l’usine Essilor de la Compasserie et l’Esat de Vassincourt est menacé à moyen terme en raison d’évolutions technologiques. La solution pour éviter le pire : intégrer une équipe de l’Esat dans l’usine Essilor.


L'expérience

Fiche rédigée le 12/02/2013

Un partenariat de 20 ans remis en question

Le groupe Essilor emploie 450 salariés sur son site historique de Ligny-en-Barrois. Près de le moitié d’entre eux travaillent à l’usine de la Compasserie, spécialisée dans la fabrication de matériel de montage, taillage, dépistage, et d’appareils de mesures destinés aux opticiens. Le site est aujourd’hui l’un des plus avancés du groupe en matière d’emploi des personnes handicapées. Depuis une vingtaine d’années, il a mis en place un partenariat avec l’Esat* de Vassincourt, une structure gérée par l’Adapei de la Meuse (Adapeim) qui emploie une centaine de personnes présentant un handicap mental. L’établissement réalise des opérations de câblage sur le matériel fabriqué à la Compassière. Mais d’année en année, le volume de commandes baisse dangereusement du fait de la montée en puissance d’une nouvelle génération de machines. Les nouvelles séries comprennent des composants trop fragiles pour être déplacés jusqu’à l’Esat situé à une trentaine de kilomètres de l’usine.
En 2009, Essilor s’inquiète de l’avenir du partenariat dont la disparition pourrait menacer directement l’équilibre économique de l’Esat et reviendrait à renoncer au savoir-faire acquis pendant deux décennies par ses travailleurs handicapés. Les deux partenaires trouvent finalement la solution : puisque les matériaux ne peuvent plus être transportés à l’Esat, c’est l’Esat qui se déplacera chez Essilor…

Deux ans de préparation pour préparer la transition

« Nous avons travaillé pendant deux ans pour préparer la venue des travailleurs de l’Esat à la Compassière, explique Eric Jullien, responsable logistique de l’usine. Il a fallu s’assurer de la viabilité du projet, créer l’espace du futur atelier au cœur de l’usine, ainsi que les aménagements périphériques. Un ingénieur a été spécialement chargé du projet. Dans le même temps, il a fallu communiquer en direction des salariés et impliquer les instances représentatives du personnel. »
De son côté, l’Esat prépare la douzaine de travailleurs concernés au transfert sur le site de Ligny-en-Barrois. Si ces opérateurs sont de bons professionnels, certains d’entre eux ont besoin d’acquérir l’autonomie suffisante pour se déplacer seuls en transport en commun. Des visites de l’usine sont organisées pour leur permettre de prendre leurs repères et de découvrir leur futur lieu de travail. À leur arrivée sur le site, en novembre 2011, ils suivent une formation à la sécurité, dispensée par Essilor.

Un atelier autonome chez Essilor

« La particularité du projet réside dans le fait qu’il ne s’agit pas uniquement d’un détachement de personnel. L’équipe de l’Esat a sa propre autonomie au sein de l’usine. Elle possède un espace dédié – dont l’Esat est locataire –, est dirigée par un moniteur d’atelier et travaille tout à la fois pour Essilor et pour d’autres donneurs d’ordres », précise Eric Jullien. Cette spécificité mise à part, les travailleurs handicapés sont totalement intégrés. Ils prennent leurs repas avec les salariés du site et sont régulièrement amenés à travailler avec des équipes Essilor, notamment en période d’inventaire. « Nous avons veillé à préparer le personnel pour lever toutes les appréhensions et idées reçues au sujet du handicap mental. L’équipe la plus proche a suivi une formation d’une journée avec une animatrice de l’Adapeim et l’ensemble des salariés a été informé régulièrement de l’avancée du projet lors des réunions de direction », rapporte Eric Jullien.

De nouvelles missions à venir

Après une année de fonctionnement, l’atelier Esat de la Compassière a trouvé ses marques et le service qualité d’Essilor ne peut que constater la perfection du travail effectué. Non seulement, le partenariat industriel a pu être sauvegardé, mais le chiffre d’affaires réalisé par l’Esat chez Essilor est en augmentation. Pour les travailleurs de l’Adapeim, ce premier pas vers le milieu ordinaire est une réussite.
La deuxième année de fonctionnement sera l’occasion de deux nouvelles missions pour l’Esat : deux équipes de 4 travailleurs seront chargées de réaliser des tests de fiabilité sur les nouvelles machines produites à Ligny-en-Barrois. Deux autres travailleurs se verront par ailleurs confier le pesage de pièces détachées dans le magasin central. Toutes ces personnes travailleront en dehors de l’atelier Esat, directement avec des salariés d’Essilor.

* Esat : établissement et services d’aide par le travail

Le témoignage

Éric Jullien, responsable logistique chez Essilor

Portrait Eric Jullien

« Un vrai travail en commun entre l’Esat et Essilor »

« La réussite du transfert de l’atelier d’Esat sur le site de la Compasserie est le résultat d’un vrai travail en commun entre la structure et Essilor. Pendant deux ans, nous avons travaillé de concert pour préserver une collaboration qui était menacée par une évolution technologique. Du côté de l’entreprise comme de l’Esat, tout le monde s’est mobilisé pour assurer la faisabilité du projet. Aujourd’hui, les travailleurs de l’Adapeim ont franchi un pas supplémentaire vers le milieu ordinaire. Le regard porté sur le handicap mental par les salariés de l’usine a aussi considérablement évolué. Il est vrai que la qualité des prestations assurées par les travailleurs handicapés est irréprochable. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : Essilor
  • Entreprise : Essilor La Compasserie (Ligny-en-Barrois)
  • Activité : industrie des biens d’équipement
  • Région : Lorraine
  • Effectifs du site : 225
  • Effectifs TH : nc
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
  • Accord : 2010-2013
  • Contact : Éric Jullien (responsable logistique chez Essilor) - jullienr@essilor.fr
  • Mise à jour : 12/02/2013

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 12 (portés à 22 courant 2013)
  • Type de handicap : handicap mental
  • Aménagements :
    - techniques : oui
    - organisationnels : oui
    - formation : oui
  • Financements : Essilor, Adapeim
  • Partenaires : Esat de Vassincourt
Publié le 13 mars 2013