Témoignage Entreprise

Ernst & Young ouvre l’univers de l’hyperperformance à trois personnes présentant un handicap psychique

Dans le cadre d’une mise à disposition de personnel d’une entreprise adaptée, le groupe d’audit et de conseil accueille trois travailleurs handicapés au sein de ses services administratifs.


L'expérience

Fiche rédigée le 13/11/09

Quelle place pour les personnes handicapées ?

Entrer chez Ernst & Young est avant tout une question de profil. La plupart des 4 500 collaborateurs français du groupe d’audit et de conseil international sortent de grandes écoles et des universités avec un niveau de diplôme d’au moins bac+5. Quand on sait que la grosse majorité des demandeurs d’emploi handicapés affiche un niveau bac ou inférieur, on mesure la difficile équation à résoudre pour la toute jeune mission handicap du groupe, mise en place au début de l’été 2009. Un diagnostic de situation réalisé avant sa création témoigne de la tâche à accomplir : Ernst & Young n’emploie alors que 9 travailleurs handicapés. Pourtant, dans le cadre de la politique RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) et du programme diversité de l’entreprise, son président a clairement exprimé le souhait d’ouvrir cet univers de l’hyperperformance aux personnes handicapées. « La situation de départ est assez dure et nous abordons la question avec beaucoup d’humilité », reconnaît Laure Bruère-Dawson, responsable de la mission handicap qui travaille à la mise en place d’un plan d’action en vue de la signature d’une convention avec l’Agefiph. Mais comment amorcer la démarche ? Comment ouvrir l’entreprise aux personnes handicapées ?

Une demande de télétravail aboutit à deux mises à disposition

C’est une demande de sous-traitance émanant du service recrutement qui offre l’occasion à Laure Bruère-Dawson d’engager sa première action. « Le service confiait déjà le traitement des lettres de regret à un Esat. Il a suggéré de sous-traiter de la même manière la saisie des CV. J’ai estimé qu’il serait plus intéressant, à tous égards, d’accueillir une personne à temps partiel directement chez nous. J’ai donc consulté l’annuaire des entreprises adaptées (EA) et des Esat sur le site de l’Agefiph et j’ai interrogé cinq établissements proposant des services de bureautique. Je n’ai eu que deux réponses, l’une d’un Esat, l’autre d’une EA. Dans les deux cas, nous avons mené une vraie réflexion pour qualifier le besoin et sur leurs conseils, nous avons fait évoluer notre demande initiale vers un poste à plein temps pour un an. » Les deux prestataires potentiels présentent 5 candidats souffrant de handicap psychique. « Toute la question était de savoir si nous pouvions accueillir l’une de ces personnes sans la mettre en danger et sans prendre de risque pour le service car, pour cette première expérience, nous n’avions pas droit à l’échec. » Après entretien, les deux candidats de l’Esat, jugés trop fragiles, sont écartés. Du côté de l’entreprise adaptée, Sotrès, les trois personnes proposées correspondent parfaitement. Cas de conscience, qui choisir ? Après une réflexion commune plus poussée, il est décidé que le poste à plein temps sera divisé en deux mi-temps et que deux des candidates seront finalement accueillies.

Oublier le handicap au profit des compétences

« Pour l’équipe du service comme pour sa responsable, la perspective d’être confronté au handicap psychique a d’abord suscité l’appréhension, commente Laure Bruère-Dawson. Nous avons convenu de balayer nos a priori et de nous en tenir aux compétences des personnes qui nous seraient présentées : de fait, nous avons organisé les rencontres comme des entretiens de recrutement classiques et nos réactions ont été des réactions de recruteurs » .

Pour les deux candidates retenues, la prise de poste à mi-temps permet une intégration plus douce au sein du service. « Ce sont des personnes diplômées qui ont décroché à un moment suite à des blocages ou des difficultés d’ordre psychique de type dépression, poursuit la chargée de mission handicap. Elles sont autonomes, maîtrisent parfaitement l’outil informatique, mais demeurent fragiles. C’est pourquoi elles sont encadrées par un tuteur qui les a formées et intervient en cas de problème. L’une d’elles a manifesté beaucoup d’anxiété  dans les premières semaines suite à une série de bugs informatiques sur son ordinateur. En lien avec la responsable de l’EA, nous l’avons rassurée et tout est rentré dans l’ordre. »

Effet boule-de-neige

Après quelques semaines, les deux femmes sont bien intégrées dans le service et assument leurs tâches sans difficulté. La qualité de leur travail et les liens créés au quotidien avec l’équipe ont permis de reléguer le handicap au second plan. Cette première expérience ne tarde d’ailleurs pas à faire boule-de-neige. Le service recrutement sollicite une nouvelle fois la mission handicap en vue de pourvoir un poste polyvalent sur du classement de courrier, de la saisie et des envois de mails. Une nouvelle personne missionnée par Sotrès entre donc chez Ernst & Young. À sa demande, le plein temps proposé est réduit à un 4/5e. Là aussi, l’intégration est parfaite.
« Lorsque je propose une mission à Sotrès, je demande toujours à rencontrer plusieurs candidats, précise Laure Bruère-Dawson. En l’occurrence, j’avais retenu le profil d’une deuxième personne qui m’avait été présentée. Bien m’en a pris car cela m’a permis de pouvoir répondre rapidement à une nouvelle requête, émanant cette fois du service comptable. » L’entreprise a ainsi accueilli une quatrième personne pour une durée de deux mois.

Le témoignage

Bruère-Dawson Laure, chargée de mission handicap chez Ernst & Young

« Par la mise à disposition, nous apprenons à évaluer et à recruter des personnes handicapées »

« Le partenariat avec l’entreprise adaptée Sotrès est avant tout le fait d’une rencontre et d’une relation de confiance immédiate avec sa responsable commerciale, Mme Clauzon. La demande initiale du service recrutement portait sur une simple prestation de télétravail. Au final, nous accueillons quatre personnes. Il ne s’agit en rien d’une démarche sociale. Nos besoins sont réels et les personnes répondent à de vraies exigences professionnelles. Dans une période où l’entreprise n’a pas de visibilité sur ses recrutements futurs, la mise à disposition est une excellente alternative qui permet à la fois de répondre à des demandes immédiates tout en apprenant à travailler avec des personnes handicapées qui seraient tout à fait aptes à être embauchées directement. Les entretiens sont également très intéressants : ils permettent aux personnes d’être confrontées à des recruteurs. De notre côté, nous apprenons à évaluer les compétences de travailleurs handicapés, ce dont nous n’avons pas l’habitude. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : Ernst & Young
  • Entreprise : Ernst & Young
  • Activité : Services aux entreprises
  • Région : Ile-de-France
  • Effectif entreprise : 4 500
  • Effectif TH de l'entreprise : 9
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
  • Contact : Bruère Dawson Laure (chargée de mission handicap) :
    laure.bruere-dawson@fr.ey.com
  • Mise à jour : 12/01/2010

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 4
  • Type de handicap : psychique
  • Aménagements :
    • techniques : non
    • organisationnels : oui
    • de formation : non
  • Financement : Ernst & Young, Agefiph
  • Partenaires : entreprise adaptée Sotrès, cabinet de conseil spécialisé
Publié le 21 septembre 2010