Dix ans de réflexion et d’innovation chez STMicroelectronics pour construire des parcours de formation sur mesure
L'expérience
Fiche actualisée le 15/11/2017
L’alternance pour accéder aux métiers de l’entreprise
« Notre projet s’est construit petit à petit, expérience par expérience. Nous avons appris de nos difficultés dans une démarche d’amélioration continue », témoigne Claude Boumendil. En 2007, le directeur du Pôle RH-RSE France du groupe STMicroelectronics participait à la création, sur le site de Rousset (Bouches-du-Rhône), d’un premier dispositif d’alternance à destination de demandeurs d’emploi handicapés. Près de 10 ans plus tard, le groupe électronique poursuit la démarche qui a été élargie et considérablement enrichie.
« Quand nous avons construit la toute première session, se souvient-il, notre objectif était de répondre à une problématique de recrutement de personnes handicapées. Nous avions imaginé un parcours de formation en contrat de professionnalisation permettant à des candidats de niveau V (CAP-BEP) d’accéder au niveau bac via l’obtention d’un titre professionnel de Conducteur d’installations et machines automatisées (Cima). »
Le dispositif, baptisé Formation d’Adaptation aux Métiers (FAM), a ensuite été étendu aux autres sites de production français (Tours, Grenoble, Crolles…) suite à la signature du premier accord groupe en 2010.
« Une fois cela en place, poursuit Claude Boumendil, notre préoccupation a été de sécuriser le parcours des alternants car nous avions des abandons : en cours de route, certains candidats estimaient que la formation était trop lourde, d’autres réalisaient que le métier ne correspondait finalement pas à leurs aspirations. C’était un échec aussi bien pour eux-mêmes que pour l’entreprise. »
Un « sas de sécurisation » pour éviter les décrochages
C’est ainsi qu’en 2011, les sites de Grenoble et de Crolles (Isère) ont mis en place une étape préalable à la formation afin d’accompagner les candidats en amont et de mieux les préparer au cursus à venir.
Ce « sas de sécurisation », qui a toujours cours aujourd’hui, comprend trois étapes : une phase de remobilisation, une courte période d’évaluation en situation professionnelle* puis une mission d’intérim de sept semaines qui place les candidats dans des conditions réelles de travail. L’outil utilisé est le contrat d’insertion professionnelle intérimaire (CIPI)**.
L’avantage est double : les personnes mûrissent leur projet et vérifient in situ la pertinence de leur choix avant de s’engager dans la démarche de professionnalisation ; l’entreprise, pour sa part, prend le temps de faire connaissance avec les candidats, de préparer leur venue et, en cas de besoin, d’aménager leur poste pour les deux années d’alternance. « Grâce à cette étape préliminaire, nous avons réussi à limiter fortement le nombre de décrochages, se félicite Claude Boumendil. On ne peut, certes, pas prévoir les abandons ”naturels” – pour raison de santé par exemple. Mais même dans ce cas, la personne a au moins le bénéfice de la démarche de remobilisation et de la découverte métier. »
Une démarche interentreprises
Sur cette base désormais solide, élargie au plan national, STMicroelectronics a entrepris, depuis, d’élargir les possibilités en proposant aux demandeurs d’emploi handicapés des formations d’un niveau supérieur.
En 2015, le groupe a ainsi créé une Formation filière technique (FFT), toujours sur 24 mois, permettant aux candidats de préparer de façon consécutive deux certificats de qualification professionnelle (CQP) : celui de Technicien d’Essai en Électronique (TEE), de niveau bac, et celui de Technicien d’Intégration en Électronique (TDIE), de niveau bac + 2.
Ce cursus a été mis en place avec le Pôle de formation de l’Industrie de l’Isère. Il assure, une semaine par mois, la formation théorique des alternants, venant des différents sites français du groupe. La première promotion a permis à 5 des 7 candidats engagés d’obtenir leur diplôme.
Parallèlement, le dispositif FAM, initié en 2008 et sécurisé en 2013, continue à s’enrichir. Après 4 sessions (soit une centaine de personnes formées), le parcours sera désormais lui aussi évolutif avec une certification niveau bac la première année et bac + 1 la deuxième année. Dans le même temps, le projet a pris une nouvelle dimension puisque STMicroelectronics a sollicité une dizaine d’entreprises industrielles pour lancer une session pilote qui aboutira à la délivrance des premiers CQP dès 2018. « Nous nous concentrons sur l’Isère, mais si l’approche interentreprises fonctionne bien, cela ouvre de formidables perspectives », s’enthousiasme Claude Boumendil, en songeant déjà à l’étape suivante…
* L’entreprise a utilisé le dispositif de Préparation opérationnelle à l’emploi (POE) proposé par Pôle emploi.
** le contrat d’insertion professionnelle intérimaire (CIPI) est proposé par les entreprises de travail temporaire. Il permet à des demandeurs d’emploi éloignés du marché du travail de s’insérer dans un métier ou de reprendre contact avec le milieu professionnel.
Le témoignage
Claude Boumendil, directeur projet Pôle RH-RSE France
« Tout est pensé pour sécuriser les cursus au maximum »
« Une formation de deux ans en alternance est un engagement fort et un pari, aussi bien pour des candidats qui ont des profils très variés, mais dont la plupart ont quitté l’école depuis longtemps, que pour l’entreprise qui investit pour leur réussite. À chaque nouvelle étape de notre démarche, tout est pensé pour sécuriser les cursus au maximum. C’est ce qui explique, par exemple, que pour chaque session, nous ne dépassions jamais la douzaine de participants. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : STMicroelectronics
- Activité : industrie microélectronique
- Région : France
- Effectifs : 10 000
- Effectif TH : 423
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 50
- Accord de groupe : 3e accord (2016-2018)
- Contact : Claude Boumendil, directeur du Pôle RH-RSE France – claude.boumendil@st.com
La fiche technique
- Nombre d’alternants par session : de 7 à 12
- Type de handicap : tous types
- Types de contrats : contrat d’insertion professionnelle intérimaire (CIPI) en amont puis contrat de professionnalisation
- Durée de chaque cursus de formation : de 21 à 24 mois
- Niveau de formation visés : certificats de qualification professionnelle (CQP) de niveau bac, bac + 1, bac + 2
- Financements : STMicroelectronics, aides de droits commun, Agefiph, fond a2i (Agir pour l’insertion dans l’industrie)
- Partenaires : Direccte, conseils régionaux, Cap emploi, Pôle emploi, entreprises de travail temporaire, Pôle de formation de l’Industrie de l’Isère