Témoignage Entreprise

Deux embauches tout à fait "ordinaires" chez 3R

Peu sensibilisée sur le handicap, mais sans a priori, la petite PME nantaise, spécialisée dans le bâtiment a recruté deux collaborateurs handicapés sans que cela n’implique de dispositions particulières.

L'expérience

Article rédigé le 01/03/12

Un patron de PME sans a priori

Rénovation, réhabilitation, restauration… Ce sont ces trois spécialités qui ont donné leur nom à la petite entreprise de bâtiment de Denis Lanternier baptisée « 3 R » . Installée à Saint-Herblain, dans la banlieue de Nantes, cette PME emploie 18 salariés sur des chantiers souvent complexes dans un rayon d’une centaine de kilomètres.
N’étant pas assujettie à l’obligation d’emploi et n’ayant pas eu l’occasion d’être confrontée à des situations de maintien dans l’emploi, la société n’a jamais fait du handicap un sujet de réflexion particulier. Mais Denis Lanternier affirme n’avoir aucun a priori sur le sujet. « Je ne suis pas particulièrement sensibilisé et je n’embaucherais sans doute pas une personne à qui il manque une jambe. Cela étant, dès l’instant où la personne possède les compétences et l’envie de travailler, je ne me pose pas plus de question. » De fait, l’entreprise a intégré ces dernières années plusieurs collaborateurs handicapés sans que cela nécessite de disposition particulière.

Deux opportunités d’embauches

Le premier candidat à se présenter est un ancien plongeur professionnel que des problèmes cardiaques ont contraint d’abandonner sa vocation. Alors âgé de 45 ans, Gilles* a suivi une formation de métreur avec l’Afpa. Il postule spontanément chez 3R et ne fait pas mystère de situation. « Je ne voyais pas en quoi ses problèmes de santé pourrait impacter son travail qui se déroule essentiellement au bureau. Je n’ai donc pas hésité à l’embaucher. Il a parfait sa formation à son poste, sans mesure d’accompagnement particulière et est toujours présent dans l’entreprise cinq ans après. », explique Denis Lanternier.
La deuxième embauche intervient dans un contexte très différent : « Nous avions un chantier à l’Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (ITEP) de Treillières, un établissement de l’association médico-sociale Moissons Nouvelles, qui héberge et accompagne des jeunes en difficulté. Le directeur m’a demandé si j’accepterais d’accueillir en apprentissage l’un de ces jeunes, Jérôme, qui présente un léger handicap mental. J’ai tout de suite accepté.

Un jeune apprenti déficient intellectuel

Après un premier stage chez 3R, Jérôme est donc embauché en contrat d’apprentissage pour une durée de 2 ans. Il prépare un CAP de maçon en alternance et reste suivi par l’association Moissons Nouvelles avant d’intégrer un foyer de jeunes travailleurs. « Jérôme a été un apprenti comme les autres, à ceci près qu’il lui a fallu un peu plus de temps pour se former puisqu’il a pris deux ans pour passer son CAP. Mais tout cela était prévu dès le départ », se souvient Denis Lanternier. Avant l’arrivée du jeune homme, le patron de l’entreprise prend le temps de briefer son équipe. « Nous sommes une petite entreprise, marquée par la culture du compagnonnage. Jérôme a été tout de suite intégré et accompagné par tout le monde dans l’esprit propre à nos métiers. » Une fois son diplôme en poche, le jeune homme est embauché en CDI. Il est aujourd’hui totalement autonome et vit dans son propre logement.

Un intérimaire handicapé, pourquoi pas ?

« Au moment de signer son contrat d’apprentissage, je connaissais bien sa situation, j’avais d’excellentes relations avec l’association qui l’accompagnait. Je ne prenais pas beaucoup de risques à tenter l’expérience. Quand on sait à quoi on s’engage, on n’a pas de mauvaise surprise », résume Denis Lanternier.
Plus récemment, à l’occasion d’un gros chantier, le patron de 3R s’est vu proposer un intérimaire handicapé pour un poste de grutier qui n’existe pas dans l’entreprise. « Là non plus, je n’ai pas cherché midi à quatorze heures. Dès l’instant où la candidature correspondait au cahier des charges, il n’y avait pas à hésiter. En dehors de moi et du chef de chantier, qui l’a appris plus tard, personne n’a jamais su que cet intérimaire avait une reconnaissance en raison de problèmes de dos, endémique dans nos métiers. Il a du reste parfaitement accompli sa mission. »

Le témoignage

Denis Lanternier, gérant de l’entreprise 3R

« Dès l’instant où tout fonctionne sur les chantiers, il n’y a pas de question à se poser »

« Dans notre profession, on a une approche très basique : dès l’instant où tout fonctionne sur les chantiers, il n’y a pas de question à se poser sur le handicap de tel ou tel personne. Certains de nos métiers sont facilement accessibles en termes de qualification. On peut donc s’adapter pour accueillir une personne un peu plus lente que les autres. Concernant les intérimaires, je suis convaincu que nous en avons déjà accueilli sans que personne ne sache qu’ils étaient reconnus travailleurs handicapés. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : 3R Nantes
  • Activité : Construction
  • Région : Pays de la Loire
  • Effectifs établissement : 18
  • Effectifs TH : 2
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Contact : Denis Lanternier (gérant)– 3r-44@wanadoo.fr
  • Mise à jour : 01/03/2012

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 2
  • Type de handicap : maladie invalidante/déficience intellectuelle
  • Aménagements :
    - techniques : non
    - organisationnel : oui
    - formation : oui
  • Financements : 3R Nantes, aide de droit commun, Agefiph
  • Partenaires : Association Moissons Nouvelles, entreprise de travail temporaire
Publié le 8 juin 2012