Témoignage Entreprise

Des jeunes issus du milieu protégé à bonne école chez Talon Frères

La petite entreprise familiale de Régis et Etienne Talon, paysagistes, près de Belfort, accueille régulièrement des stagiaires déficients intellectuels. Récemment, ils ont embauché l’un d’eux en CDI.

L'expérience

Fiche rédigée le 04/07/11

Donner leur chance à des jeunes en difficulté

Installés à Saint-Dizier-l’Évêque, près de Belfort, Régis et Etienne Talon proposent leur savoir-faire de paysagistes depuis 1997 sur  toute la région Franche-Comté, jusqu’aux confins de la frontière suisse. Ils interviennent le plus souvent chez des particuliers, mais répondent aussi à des demandes de collectivités et d’entreprises. Les deux frères emploient  trois salariés à plein temps et accueillent régulièrement deux ou trois stagiaires et apprentis. « Nous sommes partis du constat qu’il est très difficile aujourd’hui de recruter et de fidéliser des salariés. Tant qu’à se donner du mal pour trouver des gens et les former, nous avons fait le choix de donner leur chance à des jeunes en difficulté qui ont envie de travailler, quelle que soit l’origine de leurs problèmes », explique Régis.
C’est ainsi que la petite entreprise a croisé la route de Service Plus, une structure d’accompagnement et de placement de personnes déficientes intellectuelles, dépendant de l’Adapei du Pays de Montbéliard et par ailleurs prestataire de l’Agefiph.

Un ancien stagiaire embauché en CDI

Par l’intermédiaire de Service Plus, les frères Talon ont accueilli plusieurs jeunes, le plus souvent issus d’établissements spécialisés, mais tout à fait aptes à travailler en milieu ordinaire. Les uns ont intégré l’entreprise le temps d’un stage d’orientation, pour tester leur capacité et découvrir le métier, d’autres sont restés plus longtemps, en alternance, afin de passer un CAP ou une certification. « Tous n’ont pas réussi l’examen, mais la plupart ont accédé depuis à un emploi », se félicite Régis Talon.
Dans le cadre de leur contrat, certains en ont profité pour passer leur permis de conduire en bénéficiant d’un cofinancement de l’Agefiph.
Dernièrement, l’entreprise a proposé un CDI à Christophe*, 21 ans, lui aussi suivi par Service Plus.  « Il intervient aujourd’hui sur les chantiers, sous la responsabilité d’un chef d’équipe. Mon frère et moi-même sommes également présents tous les jours sur le terrain, ce qui nous permet de le suivre. Il a encore à apprendre, mais d’ici un an, il sera pleinement opérationnel », commente son nouveau patron.

Donner du temps au temps

L’arrivée de Christophe ne s’est pas faite du jour au lendemain.  « Nous l’avons d’abord reçu en stage deux années de suite, ce qui lui a laissé le temps de se familiariser avec le métier, d’en mesurer l’intérêt et les contraintes et de faire son choix professionnel. De notre côté, nous estimions qu’il avait les capacités requises. Nous n’avons donc pas hésité à l’embaucher », raconte Régis.
Si la formation du jeune homme demande un peu de patience aux chefs d’équipe ou aux collègues, les frères Talon ont su mettre en place une petite stratégie très efficace : « On fait systématiquement tourner le personnel, ce qui permet de ne pas toujours faire porter la responsabilité de l’encadrement aux mêmes personnes. »
Chaque mois, un point est réalisé avec Service Plus qui suit par ailleurs Christophe en dehors du cadre professionnel et lui rend parfois visite sur son lieu de travail. « Leur présence est  précieuse car, même si nous sommes vigilants au quotidien, certaines choses peuvent nous échapper. »

Un travail sur la durée

Au fil des années, un véritable partenariat s’est installé entre la petite entreprise de Saint-Dizier-l’Évêque et Service Plus. Régis et Etienne Talon continuent à accueillir régulièrement en stage des jeunes accompagnés par la structure. C’est leur manière à eux de transmettre leur métier, leur savoir-faire. Régis a sa propre philosophie sur la question : « Toute l’utilité des stages est de familiariser les jeunes, handicapés ou non, avec la vie au travail qui leur est totalement inconnue. Plus jeunes, ils assimilent mieux les règles de base - arriver à l’heure, organiser ses tâches etc. – et les contraintes du métier qu’ils ont choisi. Ce préalable est indispensable pour pouvoir bien les former par la suite. Évidemment, c’est un travail sur la durée. »

* pour des raisons de confidentialité, le prénom a été modifié.

Le témoignage

Régis Talon, co-gérant de l’entreprise Talon Frères

« Former un jeune, quel qu’il soit,  est toujours une question de patience »

« Former et encadrer des personnes déficientes intellectuelles est une affaire de patience. Ils ont une sensibilité particulière et peuvent être un peu plus lents pour assimiler les choses. Cela dit, aujourd’hui, il faut aussi du temps et de la patience pour former un apprenti « ordinaire », lui donner des habitudes de travail, lui apprendre à s’organiser. Surtout s’il a un parcours un peu difficile. Les situations sont différentes, mais pour l’entreprise, la démarche est sensiblement la même. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Talon Frères SARL
  • Activité : Paysagistes
  • Région : Franche-Comté
  • Effectifs entreprise : 5
  • Effectifs TH : 1
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Contact : Régis Talon (co-gérant) -
    registalon@free.fr
  • Mise à jour : 21/10/11

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : déficience intellectuelle
  • Aménagements :
  • Techniques : non
  • Organisationnel : non
  • Formation : oui
  • Financements : Talon Frères, Agefiph
  • Partenaires : Service Plus
Thématique
Publié le 20 octobre 2011