DCNS Ollioules se mobilise pour accueillir un jeune concepteur-développeur stagiaire et son auxiliaire de vie scolaire
L'expérience
Fiche rédigée le 27/10/16
Le handicap à l’épreuve du secret défense
Près d’un millier d’ingénieurs et de techniciens travaillent sur le site DCNS d’Ollioules (Var), où est implanté l’ensemble de ses activités d’architecture systèmes et logicielles.
Au sein de la structure, certains collaborateurs interviennent dans des écoles d’ingénieurs de la région : une manière de sourcer la « relève » . C’est par ce biais que l’un d’eux transmet le CV de Mathis à Amélie Hernandez, responsable handicap des sites DCNS en région PACA.
En dernière année d’école d’ingénieur à l’ISEN (Toulon), le jeune homme recherche un stage de 6 mois dans un grand groupe international. Concomitamment est diffusée au sein du groupe une offre pour un poste de concepteur-développeur stagiaire. Les candidatures affluent, les entretiens se succèdent. Au cours de leurs rencontres, le futur manager et tuteur de Mathis décèle en lui une « forte envie d’apprendre » doublée d’un « réel intérêt pour les missions confiées », à savoir faire évoluer un logiciel interne. Le courant passe tout aussi bien avec la personne avec qui le candidat sera amené à travailler en binôme : c’est donc Mathis qui est choisi.
Si les modalités de son recrutement sont très conventionnelles, il en va tout autrement de la démarche d’intégration que l’entreprise s’apprête à engager : il est en effet peu courant qu’un établissement habilité au secret de la défense nationale accueille un collaborateur tétraplégique et son auxiliaire de vie scolaire (AVS).
Un cas d’intégration inédit sur le plan logistique
Amélie Hernandez est chargée de chapeauter l’intégration de Mathis. Plusieurs visites et rencontres sont organisées pour évaluer les besoins du stagiaire et de Vanina, son AVS. Côté accessibilité, le bâtiment flambant neuf offre toutes les dispositions nécessaires. Le département sécurité défense et la direction hygiène santé environnement veillent aux autorisations d’accès et aux aspects sécurité des parcours du jeune homme. Son badge est programmé par le bureau d’accueil, pour étendre le temps d’ouverture des portes automatiques afin qu’il puisse passer sans encombre avec son fauteuil électrique.
Pour lui permettre de travailler confortablement, l’équipe de gestion du site rehausse son bureau. Mathis s’installe, avec d’autres stagiaires dans un openspace, au même étage que ses tuteurs situés, eux, en zone « confidentiel défense » . A la cantine, DCNS fait l’acquisition d’un chariot qui permettra à Vanina de transporter les plateaux repas, à midi. Une table lui est réservée chaque jour. Hormis un clavier ultra-plat dont Mathis fait la demande, aucun autre aménagement ne s’avère nécessaire.
En revanche, l’intégration de son AVS, qui n’a ni le statut de stagiaire ni celui de salariée est un peu plus longue. Au regard des procédures de sécurité de l’industriel, sa présence en continu auprès de Mathis, qu’elle assiste physiquement, constitue un cas d’école. Inédit mais pas impossible : on finit par s’organiser pour lui trouver un bureau à proximité, une place de parking et un badge pour pénétrer dans les bâtiments.
« Une belle rencontre »
Les six mois de stage de Mathis se sont achevés fin août 2016. Son manager est ravi du travail qu’il a fourni et de la « belle rencontre » que sa présence a suscitée. Sa collègue-binôme se dit quant à elle bluffée « par l’autonomie professionnelle dont il a fait preuve, par sa capacité à persévérer et à trouver des solutions » . Elle assure que par son approche personnelle, il lui a apporté « un nouvel éclairage sur le logiciel qu’elle pratique depuis longtemps » .
En septembre 2016, Mathis a validé son diplôme par la soutenance d’un mémoire de stage, salué par le jury. Devenu ingénieur, il a souhaité s’orienter vers une formation à la programmation dans une école de jeux vidéo à Montpellier. Mais son passage chez DCNS a positivement fait évoluer les esprits des collaborateurs qui l’ont côtoyé.
Pour Amélie Hernandez, cette première, du point de vue de la lourdeur du handicap, a assurément contribué à déconstruire certains stéréotypes sur les capacités et les performances des collaborateurs handicapés. À travers l’excellent accueil qui a été réservé au jeune homme, elle se plaît à voir le résultat des actions de sensibilisation menées au sein du groupe.
Le témoignage
Amélie Hernandez, responsable handicap sites PACA
« Le principal frein est celui qu’on s’impose par la projection de nos peurs »
« Cette expérience m’a appris que tout est réalisable, en termes d’intégration de collaborateurs handicapés. Le principal frein est celui qu’on s’impose à soi-même par la projection de nos peurs. On anticipe certains problèmes qui, finalement, ne se poseront pas.
Si je devais renouveler une démarche comme celle-ci avec une personne lourdement handicapée, je veillerais à réunir plus tôt les différents services concernés. Imaginer des solutions collectives en amont est plus efficace et plus simple que de solliciter les différents interlocuteurs lorsque les besoins se présentent. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Groupe : DCNS
- Établissement : site d’Ollioules
- Activité : construction navale
- Région : PACA
- Accords de groupe : 2e (2014-2017)
- Effectif Groupe : 13 088
- Effectif TH : 670
- Effectif Ollioules : 894
- Effectif TH Ollioules : 39
- Contact : Amélie Hernandez, responsable handicap sites PACA (Ollioules, Toulon, Saint-Tropez).
La fiche technique
- Nombre de salariés concernés : 1
- Type de handicap : handicap moteur
- Aménagements :
- techniques : oui
- organisationnels : oui
- de formation : oui
- Financement : DCNS
- Partenaires : ISEN Toulon