Créer des passerelles vers les métiers de l’ingénierie informatique

La difficile équation du recrutement

Développeurs, concepteurs, intégrateurs, consultants, analystes… Les métiers du numérique et de l’informatique ne manquent pas de diversité mais pour y accéder, la plupart exige d’avoir suivi un cursus d’ingénieur ou de présenter un profil de niveau bac + 5. Pour une entreprise comme Atos, qui s’est engagée depuis plus de dix ans dans une politique handicap, résoudre l’équation du recrutement de candidats en situation de handicap reste difficile car les personnes concernées s’orientent encore très rarement vers ce genre de cursus. « Non par manque d’aptitudes, mais tout simplement parce qu’elles rencontrent des freins à l’accès aux études supérieures », explique Juliette Arnould. Pour la responsable Handicap & Diversité du groupe, les entreprises du secteur n’ont pas le choix : si elles veulent recruter, elles doivent pousser les portes des écoles et des universités et se montrer proactives en mettant en place des dispositifs de formation en alternance, en accompagnant des étudiants handicapés et en les encourageant à poursuivre leur cursus le plus loin possible. Afin de donner la plus grande portée à ce type d’actions, Atos a fait le choix de s’associer à d’autres entreprises du numérique.

«  L’alternance permet de prendre pied directement dans les entreprises, d’acquérir la culture professionnelle et de convaincre que le handicap n’interdit pas le talent », commente Véronique Vicens, chargée de mission handicap Atos.

Deux cursus de 24 mois en alternance

En suivant cette logique, le groupe Atos a ainsi participé à partir de 2015 au lancement de deux projets interentreprises à deux extrémités de la France.

Au Sud, un partenariat avec Polytech Marseille a donné naissance au projet HUGo (ou Handi yoU Go), destiné à former, en 24 mois, dans une classe dédiée, des personnes en situation de handicap au métier d’ingénieur informatique. « Au sein de Polytech Marseille, la formation au diplôme d’ingénieur en informatique existait uniquement en formation initiale. L’école a mis en place cette formation en alternance (contrat de professionnalisation) spécifiquement pour le collectif d’entreprises du dispositif HUGo », souligne Véronique Vicens. Pour piloter et coordonner le dispositif, les 13 entreprises impliquées se sont appuyées sur un cabinet spécialisé, le sourcing des candidats étant réalisé via les canaux habituels (missions handicap, Pôle emploi, Cap emploi etc.) sur des profils allant de bac+2 à bac+4.

À quelques mois d’intervalle voyait le jour, à Nantes, le projet OD@CE (Objectif Développement Alternance Compétence Emploi), un cursus similaire préparant quant à lui au métier de concepteur développeur informatique avec à la clé un diplôme de niveau bac+4 inscrit au Répertoire national des certifications professionnelles. Originalité de la démarche : elle s’appuie sur deux écoles, l’EPSI et l’ENI, et a pris, dès le départ, le parti de l’inclusion en intégrant les étudiants dans des classes existantes (une option à laquelle se ralliera finalement le projet HUGo par la suite). « À l’issue de ce cursus, les candidats pourront choisir de s’orienter, toujours en alternance, vers un diplôme bac+5 dans l’une des deux écoles », précise Juliette Arnould.

Des initiatives à démultiplier et à faire connaître

Depuis leur lancement, HUGo et OD@CE poursuivent leur avancée. Tandis que les étudiants de la première promotion arrivent en fin de cursus, de nouveaux groupes ont été constitués en 2018 et le seront en 2019. « Chez Atos, nous accueillons en principe un alternant sur chacune des promotions, mais d’une année sur l’autre, il peut arriver qu’une entreprise n’ait pas d’opportunité d’accueil ou pas de candidat », explique Juliette Arnould.

Les principales améliorations apportées d’une session sur l’autre portent sur le sourcing, que les équipes projet marseillaise et nantaise ont souhaité élargir à l’échelle nationale, ainsi que sur la préparation des candidats. En effet, si les étudiants intégrés à Polytech ont bénéficié d’emblée d’une phase de Préparation opérationnelle à l’emploi (POE) de 15 jours lors de la première promotion, ceux de Nantes, devraient eux aussi passer par une étape similaire à partir de 2019. Pour des personnes en reconversion ou ne venant pas directement de l’univers informatique, une phase de transition est bien souvent utile pour se mettre à niveau et se placer dans une dynamique d’apprentissage.

« De tels projets mettent du temps à se mettre en place et n’ont pas de résultats immédiats. Malgré les difficultés de sourcing, il faut les démultiplier, les dupliquer d’une région sur l’autre et communiquer en permanence pour les faire connaître dans les écoles, dans les foyers, et susciter des vocations chez des personnes qui n’oseraient pas envisager ce type de carrière », plaide Juliette Arnould. A la rentrée universitaire 2018, HUGo a d’ailleurs commencé à essaimer à Polytech Nice-Sophia où deux alternants préparent un master informatique.

Juliette Arnould, Responsable Handicap & Diversité Atos France

« L’alternance donne aux étudiants l’occasion de poser un pied dans nos entreprises »

Les publics accueillis dans ces formations ont des parcours et des profils très divers. Certains sont en reconversion professionnelle, d’autres ont interrompu leurs études. Ils ont en principe déjà un bagage informatique ou viennent d’une filière scientifique. Mais dans tous les cas, sans les passerelles que nous leur proposons, ils n’auraient jamais poursuivi leurs études dans les métiers du numérique. L’alternance leur donne l’occasion de mettre un pied dans nos entreprises où ils pourront rebondir à l’issue de leur cursus.

• Entreprise : Atos
• Activité : services aux entreprises
• Région : dans toute la France
• Effectif entreprise : 11 000
• Effectifs TH : 600
• Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 20
• Accord agréé : 2017-2019
• Contact : Juliette Arnould, Responsable Handicap & Diversité Atos France – juliette.arnould@atos.net

• Type de handicap : tous types
• Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : oui

• Financements : OPCA, Atos, Agefiph selon les situations
• Partenaires : différentes entreprises du numériques, cabinets spécialisés, service public de l’emploi, Polytech Marseille, Polytech Nice-Sophia, EPSI Nantes, ENI Ecole Informatique Nantes