Témoignage Entreprise

Cortex Média s’engage pour l’accessibilité et l’inclusion professionnelle

Cortex Media
Sur sa plateforme en ligne, la société de production lyonnaise développe l’accès à l’information, à l’éducation et à la culture pour des publics dits « empêchés ». Au sein de son équipe, 4 des 5 salariés – dont le fondateur, Benjamin Laurent – sont porteurs d’un handicap.

Le pari de l’accessibilité

Journaliste, réalisateur, producteur, Benjamin Laurent a longtemps travaillé sur les thématiques de la santé et du handicap avant de créer à Lyon sa propre société de production, le studio Parolox spécialisé dans la conception et la production de documentaires sur ces sujets. En 2023, l’entreprise évolue. Devenue Cortex Média, elle développe une plateforme en ligne qui lui permet de diffuser elle-même ses productions, accessibles sur abonnement ou à la demande. Au-delà des vidéos, www.cortex-media.tv propose aussi des contenus écrits et audio, avec le souci constant de l’accessibilité. Sous-titrage, traduction en langue des signes, audiodescription, facile à lire et à comprendre (FALC) : toutes les méthodes sont mises à profit pour faciliter l’accès à l’information, à l’éducation et à la culture des publics dits « empêchés » : personnes en situation de handicap, personnes allophones ou ne maîtrisant pas la lecture.

En 2024, Cortex Média innove en créant l’audio-clair, un outil de mise en accessibilité de l'écrit transposé du facile à lire et à comprendre. En lien avec une maison d’édition spécialisée, adossée à un Esat de Périgueux, la start up lance une collection de livres audio destinés, notamment, à des personnes avec un handicap intellectuel.

Pour Benjamin Laurent, l’engagement de l’entreprise ne se limite pas à la création et l’animation d’un média accessible. Il passe aussi par l’emploi des personnes en situation de handicap. De fait, 4 des 5 collaborateurs actuels de la société sont porteurs d’un handicap. « Et nous ne sommes pas pour autant une entreprise adaptée ! », souligne-t-il.

Une équipe à l’image de l’entreprise

Au fil des besoins et des rencontres, Benjamin Laurent, lui-même porteur d’un TDAH (trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité), s’est entouré d’une équipe à l’image de son projet, constituée aujourd’hui d’une chargée de marketing digital, d’une monteuse vidéo, d’une dessinatrice graphiste et d’une rédactrice en chef. Le profil et le parcours de cette dernière sont révélateurs de l’état d’esprit de l’entreprise et de son fondateur. Radiologue dans un autre vie, Sandrine a dû abandonner son premier métier en raison d’une sclérose en plaque (SEP), diagnostiquée il y a une vingtaine d’année. Du fait de sa maladie, elle est restée éloignée de l’emploi pendant près de 15 ans. « Nous nous sommes rencontrés dans le cadre d’un projet autour de la SEP et nous nous sommes dit que nous avions des choses à faire ensemble. »

Dans un premier temps, Sandrine accompagne Benjamin sur des tâches administratives avant que ce dernier ne la forme à l’écriture journalistique et finisse par lui confier l’animation éditoriale de la plateforme. « Sandrine a été un atout dans la création de Cortex Média : sans elle, l’entreprise n’existerait pas. Aujourd’hui, elle occupe le poste où elle est la meilleure. Ce n’est pas le handicap qui importe, c’est le fait que les gens occupent la place qui leur correspond le mieux dans l’entreprise », insiste le fondateur.

Etre attentif à l’autre

« Entreprendre en étant en situation de handicap suppose de s’adapter en permanence, ce qui est d’ailleurs une force, poursuit Benjamin, évoquant sa propre situation. C’est exactement la même chose avec les collaborateurs avec lesquels on travaille. Il faut être attentif à l’autre et faire preuve de bon sens. »

Du fait de son handicap, Sandrine a besoin de temps avant de venir au travail le matin ? Qu’à cela ne tienne : les horaires de travail sont adaptés. Elle doit prendre un train pour un déplacement ? L’entreprise veillera à prendre un billet à une place facilement accessible… De la même manière, telle personne un peu lente dans le rendu de son travail se verra proposer des productions internes plutôt que des prestations extérieures, à moins de sensibiliser les clients.

« Ce sont de petites adaptations quotidiennes qui supposent de la proximité, du micro-management et une foule de petites choses non conscientisées, argumente Benjamin. Si, au final, la situation de la personne impacte la productivité, il est toujours possible de solliciter des aides de l’Agefiph pour compenser le handicap. ». Cortex Média n’a toutefois pas eu, pour l’instant, l’occasion d’y recourir.

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Benjamin Laurent, fondateur de Cortex Média

« Le handicap est pour moi un non-sujet »

Cortex Média n’aurait pas pu se faire sans l’apport et les spécificités de chacun de ses collaborateurs. L’exemple de Sandrine montre qu’une personne restée longtemps éloignée de l’emploi peut apporter de la valeur ajoutée à l’entreprise dès l’instant où l’on mise sur ses qualités personnelles. Peu importe le handicap. C’est pour moi un non-sujet. J’ai envie que les entreprises se disent : si une petite start-up peut le faire, nous aussi !

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Publié le 14 mars 2025