Chez Freescale, l’approche pluridisciplinaire est un atout pour la réussite du maintien dans l’emploi
L'expérience
Fiche rédigée le 16/03/09
Freescale veut anticiper les inaptitudes
Comme dans beaucoup d’entreprises industrielles, la problématique du maintien dans l’emploi a émergé ces dernières années chez Freescale, (anciennement Motorola), fabricant des semi-conducteurs (composants électroniques) destinés à l’automobile, la téléphonie, les infrastructures de télécommunication et les équipements industriels. « La pyramide des âges de notre personnel est vieillissante et nos salariés, en particulier les opérateurs de production, sont de plus en plus confrontés soit à des problèmes de santé liés à l’âge, soit à des pathologies de type TMS», explique Corinne Rozzonelli, assistante sociale de l’entreprise toulousaine. Il y a quelques années encore, le maintien dans l’emploi était directement géré par le service RH et les managers, mais sur proposition de l’assistante sociale et du médecin du travail, l’entreprise s’est dotée d’un véritable dispositif pour anticiper les situations de maintien, suivre les salariés fragilisés et apporter des réponses avant qu’une inaptitude ne soit déclarée. Cette organisation, mise en place en 2002, a fait ses preuves. « Chez Freescale, se réjouit Corinne Rozzonelli, le licenciement pour inaptitude n’existe pas. »
Un suivi systématique par une commission hebdomadaire
Chaque semaine, Freescale réunit une commission mobilité, composée du responsable RH chargé du secteur production, des managers du manufacturing, des deux médecins du travail et de l’assistante sociale intégrées à l’entreprise. « Pendant une heure et demie, nous étudions, d’une part, toutes les demandes de mobilité et d’aménagement d’horaire, et d’autre part, les cas spécifiques de salariés pour lesquels des difficultés ont été identifiées, qu’ils soient reconnus travailleurs handicapés ou non. Ces cas sont listés en fonction de l’urgence de la situation. Certains exigent une action rapide, d’autres nécessitent un suivi car des difficultés peuvent survenir, d’autres enfin sont envisagés à plus long terme. La finalité est de garantir durablement l’employabilité des salariés. » De cette manière, le suivi des personnes pouvant être confrontées à une inaptitude est assuré très en amont. « Nous ne nous laissons jamais surprendre lorsqu’un problème survient, ce qui nous laisse toute la marge de manœuvre le moment venu. » Lorsque le risque d’inaptitude est avéré, une commission maintien dans l’emploi, réunissant le médecin du travail, l’assistante sociale et le secrétaire du CHSCT se réunit pour étudier la situation et faire des propositions à la commission mobilité. « Ce groupe restreint permet d’assurer la confidentialité du dossier tout en associant le CHSCT. »
En interne comme à l’externe, tous les acteurs sont prêts à agir
Grâce à l’action de ces deux commissions, des mesures immédiates peuvent être prises suivant un process parfaitement défini. Selon les cas, les salariés concernés se voient proposer une réorganisation de leur poste de travail, des horaires adaptés ou un aménagement de poste. La commission peut également proposer un reclassement sur des postes administratifs de l’entreprise lorsque aucune autre solution n’a été trouvée. Dans ce cas, le salarié suit un bilan de compétences puis une formation, assurée dans les locaux de l’entreprise par des intervenants extérieurs. « Évidemment, le salarié est au cœur de la démarche », souligne Corinne Rozzonelli. Placés aux avant-postes, l’assistante sociale et les médecins du travail jouent un rôle essentiel dans le signalement des salariés en difficulté, mais aussi dans la démarche pédagogique : « Nous expliquons aux personnes l’intérêt du maintien dans l’emploi, les procédures, les garanties qui leur sont offertes. » Parallèlement, Freescale a développé un réseau de partenaires extérieurs, qui connaissent bien le dispositif mis en place dans l’entreprise : Agefiph, Sameth, ergonome etc. Les actions menées bénéficient des aides et financements de l’Agefiph. « Comme nous disposons d’un bon régime de prévoyance, les salariés concernés sont à l’abri financièrement. C’est aussi un argument important », ajoute Corinne Rozzonelli.
La gestion du temps, une clé de la réussite
Entre 2007 et 2008, la commission mobilité a suivi 62 salariés en difficulté, 26 ont bénéficié de mesure de prévention (aménagements d’horaires, reclassements…) et 3 seulement ont été présentés à la commission maintien dans l’emploi. « Si le dispositif mis en place est finalement assez simple à gérer, les actions de maintien dans l’emploi n’en demandent pas moins de temps, commente Corinne Rozzonelli. Dès l’instant où il y a un bilan de compétence et une formation, cela peut durer de 8 à 12 mois. Raison de plus pour s’y prendre le plus tôt possible. Le plus difficile est de bien gérer les choses avec le salarié, qui est toujours pressé de voir sa situation stabilisée. C’est cette gestion du temps qui est la clé de la réussite. »
Autre élément déterminant : la communication. Au travers notamment du CHSCT, l’entreprise, fait connaître les actions menées. Elle a même organisé un forum interne sur le sujet, avec des témoignages de salariés. « Les gens savent qu’un dispositif est en place et qu’il permet de trouver des solutions. Du même coup, les risques d’inaptitudes et le handicap ne constituent plus un tabou. On vient nous voir spontanément. »
Le témoignage
Rozzonelli Corinne, assistante sociale chez Freescale semi-conducteurs
« Finalement, nous faisons plus souvent de la en direction de personnes fragilisées que du maintien dans l’emploi »
« La mise en place du suivi hebdomadaire par la commission de mobilité n’a que des avantages : elle permet de croiser les regards sur la situation des personnes et d’assurer une vraie pluridisciplinarité, avec une approche
, mais aussi médicale et sociale. Elle favorise les interventions en amont, avant qu’une inaptitude ne soit déclarée. Finalement, nous faisons plus souvent de la
en direction de personnes fragilisées que du maintien dans l’emploi à proprement parler. Enfin, cette démarche nous a permis de définir une méthodologie reposant sur des process écrits, qui nous permet d’avoir les bons réflexes face aux situations. De cette manière, nous n’avons pas de difficulté de repérage et nous disposons de tous les outils d’anticipation nécessaires. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Groupe : Freescale France
- Entreprise : Freescale semi-conducteurs
- Activité : Semi-conducteurs
- Région : Midi-Pyrénées
- Effectif entreprise : 1 700
- Effectif TH de l'entreprise : 40
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 25
- Accord d’entreprise : NON
- Convention Agefiph : NON
- Contact : Rozzonelli Corinne (assistante sociale) :
corinne.rozzonelli@freescale.com - Mise à jour : 09/04/2009
La fiche technique
- Nombre de salariés concernés : 62 (sur 2007-2008)
- Type de handicap : tous types
- Aménagements :
- techniques : oui
- organisationnels : oui
- de formation : oui
- Financement : Freescale, Agefiph
- Partenaires : Sameth, ergonomes, centres de formation