CDE Courant faible reclasse un chef d’équipe comme coordinateur technique et commercial
Changer de métier à 44 ans
Laurent a été embauché il y a une quinzaine d’années comme technicien chez CDE Annecy, une PME spécialisée dans les circuits à courant faible. Ce technicien chevronné intervient dans l’installation de toutes sortes de dispositifs : contrôle d’accès, caméra de vidéosurveillance, interphones, antennes, fibre… Au fil des années, ses compétences, son sérieux et son esprit d’initiative ont fait de lui un élément moteur de la société et ont conduit son employeur, Cyrille Vallerand, à le désigner comme chef d’équipe, une fonction dans laquelle il excelle.
Mais en avril 2017, lors d’un rendez-vous de réception de chantier, il est victime d’un malaise. À l’hôpital, les médecins diagnostiquent une pathologie pulmonaire. Laurent est contraint d’arrêter de travailler pendant près de 6 mois. Lors de la visite de reprise, le médecin du travail lui explique qu’il ne pourra pas reprendre son poste. Son état de santé lui interdit désormais de manipuler les outils de perçages utilisés quotidiennement dans son travail en raison des vibrations qu’ils provoquent. A 44 ans, la perspective d’une reconversion est difficile à envisager. D’autant plus que les possibilités ne sont guère nombreuses dans une entreprise de 25 salariés.
Du tournevis à la souris d’ordinateur
Pour Cyrille Vallerand, il n’est pas question d’abandonner à son sort un collaborateur aussi engagé et aussi précieux que Laurent. Orienté vers Cap emploi, il entame une réflexion avec son ancien chef d’équipe.
Depuis le départ en retraite de son associé, le gérant de l’entreprise assume seul la direction et la coordination technique et commerciale dans un contexte de croissance de l’activité. « C’était encore un peu tôt économiquement mais j’ai pris le pari de proposer à Laurent de me seconder au bureau. L’idée était de lui confier la gestion des devis, les réunions de chantier, le suivi des clients. »
Pour faciliter et sécuriser cette transition, une Convention de rééducation professionnelle en entreprise (CRPE) est signée avec la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM).
Laurent s’adapte progressivement au travail de bureau et à la manipulation de l’outil informatique, incontournable pour la gestion des plannings et la communication avec les clients et les fournisseurs etc. Il suit par ailleurs une formation de 5 jours à la Chambre de commerce et d’industrie pour acquérir les bases de la négociation commerciale. « Dans l’ensemble, cette première phase de transition s’est bien déroulée, commente Cyrille Vallerand. Mais c’est dans la durée que les choses se sont avérées plus compliquées. On ne passe pas si facilement du tournevis à la souris d’ordinateur. »
« Un sacré pas à franchir »
Pour un technicien habitué à travailler à l’extérieur et à changer régulièrement de chantier, il n’est pas aisé de devenir sédentaire et de passer ses journées entre les quatre murs d’un bureau. « Quand on a aimé son métier et qu’on l’a toujours exercé très consciencieusement, il n’est pas facile non plus de devoir abandonner certains réflexes professionnels et d’adopter la bonne distance vis-à-vis d’équipes de terrain qu’on a longtemps dirigées », complète Cyrille Vallerand.
Pour aider Laurent à mieux appréhender sa nouvelle position, l’entreprise sollicite l’intervention d’un consultant personnalisé qui lui transmet les bases du management mais la mise en pratique de ces conseils au quotidien ne va pas forcément de soi. « Il faut être très vigilant sur ces questions car cela peut conduire à des maladresses et à des tensions, insiste le gérant, d’autant plus qu’au fil des années, les collaborateurs ont tendance à oublier le handicap de la personne et à abandonner la bienveillance des premiers temps. »
Pour Cyrille Vallerand, ce genre de reconversion professionnelle exige un véritable accompagnement sur le long terme et un effort de formation dans la durée. « Car, dit-il, de l’envie à la réalité de terrain, il y a un sacré pas à franchir. Pour un professionnel expérimenté, c’est un vrai pari de devoir tout reprendre à zéro. »
TÉMOIGNAGE
Cyrille Vallerand, président directeur général de CDE Courant faible « Dans une PME, les possibilités sont limitées »
Ayant moi même 56 ans, je mesure pleinement ce que peut représenter la perte de son emploi en dernière partie de carrière. Comme employeur, je n’ai aucune envie de mettre dans la galère un salarié devenu inapte à son poste. D’autant qu’un licenciement pour inaptitude implique une vraie perte de compétences pour l’entreprise. Mais dans une PME, les possibilités sont limitées. On ne peut malheureusement pas reclasser tout le monde.
FICHE D’IDENTITÉ
Entreprise : CDE Courant faible
Activité : construction
Région : Auvergne Rhône-Alpes
Effectif : 25
Effectif TH : 1
Contact : Cyrille Vallerand, président directeur général – vallerand@cdeannecy.com
Mise à jour : 31/10/2023
FICHE TECHNIQUE
Nombre de personnes handicapées concernées : 1
Type de handicap : maladie invalidante
Aménagements
- techniques : non
- organisationnel : oui
- formation : oui
Financements : employeur, Caisse primaire d’assurance maladie, Agefiph
Partenaires : AST 74 (médecin du travail),