Capere et Mittere recrute une jeune femme handicapée dans la perspective d'un nouveau marché
L'expérience
Fiche rédigée le 17/04/08
Une première intégration non préparée
Depuis 2002, la société Capere et Mittere (qui signifie « prendre et envoyer » en latin) propose aux entreprises de la région d’Amiens un service externalisé de traitement et d’expédition du courrier. Installée en périphérie de la capitale picarde, la petite entreprise mobilise une quinzaine de salariés permanents sur des tâches d’affranchissement, d’édition, de mise sous pli et d’expédition.« Étant situés dans une zone franche, nous sommes naturellement ouverts à la diversité, explique son fondateur, Jean-Luc Demange-Brinon. En 2005, au moment où le débat national sur l’emploi des personnes handicapées battait son plein, il m’a semblé logique de tenter un recrutement. »
La PME embauche donc un salarié sourd et muet, persuadée que l’intégration ne posera aucune difficulté. Mais l’expérience tourne court. Mal préparée et en plein développement, l’entreprise ne trouve pas le temps d’accompagner son nouveau salarié et ne parvient pas à surmonter les problèmes de communication. C’est l’échec.
Une candidate au potentiel bien défini
Mais Jean-Luc Demange-Brinon n'abandonne pas son idée. En novembre 2007, il participe à une journée de recrutement organisée à la Maison de l'emploi d'Amiens dans le cadre de la Semaine pour l'emploi des personnes handicapées. Il y rencontre plusieurs candidats présélectionnés par Cap emploi Amiens, parmi lesquels Julie*, 37 ans, dont le profil retient son attention. Titulaire d'un CAP dans le domaine de l'imprimerie, la jeune femme a dû se réorienter du fait de son handicap et a travaillé deux ans chez un prothésiste dentaire avant de connaître un licenciement économique. Cap emploi l'a choisie car elle possède aussi une petite expérience dans le domaine des transports susceptible d'intéresser le chef d'entreprise. Mais ce n'est pas ce critère qui intéresse Jean-Luc Demange-Brinon. « Au vu de son parcours et de sa personnalité, j'ai été séduit par sa capacité d'adaptation, sa volonté d'avancer et sa franchise quant à ses limites : elle m'a tout de suite dit qu'elle devait éviter la station debout prolongée. »
À l'époque, Capere et Mittere s'apprête à répondre à un appel d'offre pour le traitement informatique du courrier de l'Assédic. Une mission tout à fait nouvelle en même temps qu'un enjeu très important pour l'entreprise que Julie est à même de porter, du fait de ses expériences et de son autonomie dans le travail.
Un poste sur-mesure dans le cadre d’un appel d’offre
Capere et Mittere remporte finalement le marché et embauche la jeune femme en CDI à temps complet dans le cadre d’un contrat initiative emploi (CIE). « Il a fallu qu’elle attende un peu le temps que l’appel d’offre soit bouclé, mais elle était bien décidée à prendre le poste », commente Jean-Luc Demange-Brinon.
Julie prend ses fonctions au 1er mars 2008. Du fait du rythme d’activité trimestriel imposé par le client, elle partage son temps entre l’Assédic, où elle travaille à l’indexation informatique du courrier, et l’entreprise. « Nous avons tout de suite trouvé la bonne adéquation entre le poste et le handicap, et au final, l’intégration de Julie n’a posé aucun problème. »
Trouver la bonne adéquation poste/candidat
Rétrospectivement, Jean-Luc Demange-Brinon tire les enseignements de ses deux expériences de recrutement : en matière d’emploi des personnes handicapées, les bonnes intentions et les fausses évidences ne doivent pas masquer la réalité du handicap. « Pour le premier recrutement, nous sommes allés trop vite et nous ne nous sommes pas posé les bonnes questions. Nous pensions que l’intégration irait de soi et lorsque nous avons été confrontés aux difficultés, il était trop tard. Nous n’avions ni le temps ni les moyens de trouver des solutions. »
Lorsqu’il se présente à la journée de recrutement, le chef d’entreprise affiche un état d’esprit tout différent. « Je n’arrivais pas avec l’idée de pourvoir tel ou tel poste. J’ai rencontré une candidate dont j’ai pu mesurer le potentiel et les limites, et j’ai immédiatement fait le rapprochement avec l’appel d’offre. Tout paraissait cohérent. Nous avons dû nous organiser pour nous adapter au rythme du client et l’intégration de Julie s’est faite dans le cadre cette organisation, sans poser la moindre difficulté. »
Jean-Luc Demange-Brinon note par ailleurs que l’équipe y aussi gagné puisque pour compléter son temps de travail lorsqu’elle n’est pas chez le client, la jeune femme assiste ses collègues sur le plan administratif.
* Le nom de la personne a été modifié pour préserver son anonymat
Le témoignage
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Demange-Brinon Jean-Luc, gérant
« Les PME ne doivent pas attendre d’être soumises à l’obligation d’emploi »
« Il n’est pas forcément évident pour une petite entreprise d’intégrer une personne handicapée. Si je devais donner un conseil aux PME, ce serait d’anticiper au maximum, de ne pas attendre d’être soumis à l’obligation d’emploi pour recruter. L’argument financier ne peut, de toute façon, pas être une motivation suffisante. Le chef d’entreprise doit s’investir et se donner le temps de bien mesurer ce à quoi il s’engage. »
La fiche d'identité de l'entreprise
- Entreprise : Capere et Mittere
- Activité : service de traitement du courrier
- Région : Picardie
- Effectif entreprise : 19
- Effectif TH de l'entreprise : 1
- Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
- Accord d’entreprise : NON
- Convention Agefiph : NON
- Contact : Demange-Brinon Jean-Luc (gérant) :
contact@capereetmittere.com - Mise à jour : 20/05/2008
La fiche technique
- Durée de mise en œuvre : immédiate
- Nombre de salariés concernés : 1
- Type de handicap : moteur
- Aménagements :
- techniques : non
- organisationnels : oui
- formation : non
- Financement : Agefiph
- Partenaires : Cap emploi, CGPME