Bresson Céréales embauche en alternance un ancien coiffeur en reconversion professionnelle
Le choix d’accueillir une personne en reconversion
Implantée à quelques kilomètres au sud de Dijon, Bresson Céréales est une entreprise de négoce : elle collecte les céréales sur la Bourgogne Franche Comté, stocke les grains dans des silos et fournit ensuite l’industrie agro-alimentaires. Au siège de Saulon-la-Chapelle (Côte-d’Or), Agnès Hué assure les fonctions de directrice administrative et financière et de DRH en duo avec son assistante, Virginie. En 2023, les deux femmes proposent à la direction de créer un poste supplémentaire pour renforcer le pôle administratif. « Nous nous sommes accordées sur l’idée d’accueillir et de former une personne en situation de handicap. C’était un choix délibéré car nous sommes l’une et l’autre sensibles à ce sujet et avions la volonté de participer à une démarche d’insertion », confie Agnès Hué.
Elles se tournent vers Cap emploi 21 qui propose rapidement deux profils assez similaires de quinquagénaires en reconversion professionnelle. A l’issue des entretiens, c’est finalement Xavier qui est retenu. Il a réalisé toute sa carrière professionnelle comme coiffeur jusqu’à ce que des problèmes de dos ne le contraignent à abandonner le métier en 2019. Il n’a aucune expérience administrative mais au moment où il présente sa candidature, il a entamé un parcours de formation avec l’AFPA et obtenu un titre professionnel de secrétaire assistant.
Une démarche accompagnée par Cap emploi et l’Agefiph
Bresson Céréales propose à Xavier de l’embaucher en contrat de professionnalisation en vue de préparer en un an une certification d’assistant de comptabilité et d'administration en PME/TPE. Il bénéficie d’un accompagnement spécifique, assuré par Cap emploi, dans le cadre d’une Prestation d’Accompagnement vers l’alternance (PAVA) mise en place par l’Agefiph. Une étude ergonomique est réalisée dans le bureau que Xavier s’apprête à partager avec ses deux collègues. Il est en partie réorganisé et l’entreprise fait l’acquisition d’un fauteuil adapté, co-financé par l’Agefiph.
Au démarrage de sa formation, il est prévu que Xavier se rendra deux jours par semaine au GRETA contre trois jours dans l’entreprise… « Mais nous avons rapidement revu cette organisation pour lui laisser un peu de répit entre les journées de formation et les journées travaillées », précise Agnès Hué. Xavier bénéficie ainsi d’une matinée chez lui pour souffler et réviser ses cours, ces heures étant récupérées sur ses journées de présence dans l’entreprise.
Un exercice de patience et de bienveillance
« Nous accueillons régulièrement des jeunes en stage ou en formation et avons l’habitude de les tutorer. Nous nous adaptons donc au rythme de Xavier pour lui permettre de progresser et d’assimiler les différentes tâches qui lui sont confiées. » Si la motivation de l’ancien coiffeur demeure intacte au fil des mois, cet accompagnement s’avère un peu plus délicat que prévu car il est dyslexique et rencontre parfois des difficultés de concentration et de mémorisation liées à un traitement médical. « Nous avions sous-estimé certaines difficultés, poursuit Agnès Hué. Nous imaginons donc au fur et à mesure des stratégies pour les contourner et échangeons régulièrement avec Cap emploi avec qui nous sommes en contact régulier et faisons le point tous les deux mois. »
La formation de Xavier se poursuit jusque juillet 2024. A terme, l’objectif est de le confirmer à son poste mais son embauche sera conditionnée par sa réussite à l’examen.
« À travers cette expérience, nous apprenons nous aussi, conclut Agnès Hué. Il n’est pas simple de retourner en formation à 50 ans passés et d’apprendre un nouveau métier. Accompagner cette transition au sein de l’entreprise est un exercice de patience et de bienveillance. Dès le départ, nous savions que nous nous engagions dans ce type de démarche. »
Agnès Hué, directrice administrative, financière et des ressources humaines
« Adapter ses méthodes et son organisation »
Accompagner et intégrer une personne handicapée dans l’entreprise suppose d’adapter ses méthodes et son organisation. Dans le cas de Xavier, nous sommes bien accompagnées par Cap emploi. La seule ombre au tableau est qu’il n’a pas tout dit au départ de ses difficultés d’apprentissage aux différents intervenants.. Pour être accueillies et aidées de façon vraiment efficace, il est essentiel que les personnes soient transparentes sur leur situation. Sans cela, elles se créent des difficultés supplémentaires.