Berthier Trucks se met en mouvement sur le handicap avec l’appui de l’Agefiph

Pendant de nombreuses années, le groupe Berthier n’a pas prêté d’attention particulière à la thématique du handicap. L’entreprise familiale, spécialisée dans la distribution et la réparation de véhicules industriels, ne se penchait sur le sujet qu’au moment de la déclaration annuelle. « Nous nous bornions à collecter dans l’urgence, en fin d’année, les chiffres des différentes filiales – le groupe de 500 salariés compte une quinzaine d’entités – et ne pouvions que constater le faible taux d’emploi de la plupart d’entre elle, se souvient Isabelle Métucin, la directrice des ressources humaines. Certains sites ont même frôlé la surcontribution, faute d’action positive en matière de handicap pendant trois années consécutives. » La DRH mesure pleinement le coût que représente pour l’entreprise cette absence d’engagement mais, une priorité chassant l’autre, ce n’est jamais le bon moment pour s’intéresser à la question. En 2019, alors qu’elle interroge l’Agefiph sur les nouvelles modalités de calcul de la contribution, une chargée de mission lui propose de mettre en place un accompagnement afin d’étudier les pistes possibles pour optimiser la réponse du groupe à son obligation d’emploi. La méthodologie, les objectifs et les étapes de cette démarche de diagnostic, financée par l’Agefiph, sont exposés suffisamment clairement pour que la direction générale adhère au projet sans hésiter. « Un soutien indispensable pour réussir ce type de démarche », souligne la DRH.

Le diagnostic est lancé en mars 2020 sur Berthier Trucks, la branche poids lourds du groupe, qui emploie 270 salariés répartis sur 11 sites. Préalable à la démarche : la désignation d’un pilote de projet chargé de coordonner le projet et d’aider à la collecte des informations nécessaires à l’analyse. Il accompagne le consultant missionné par l’Agefiph. Malgré la crise sanitaire, un état des lieux complet est réalisé en quelques semaines. Il s’appuie sur des données quantitatives (bilans sociaux, déclarations d’obligation d’emploi…), des informations plus qualitatives recueillies auprès des différents acteurs internes (dirigeants, managers, IRP…) et prend en compte les différents engagements existants de l’entreprise (qualité de vie au travail, seniors, RSE…). « L’analyse de ces informations permet de mesurer la maturité de l’entreprise sur le sujet, de la situer par rapport à la branche professionnelle et d’identifier les freins et les leviers pour agir, complète Isabelle Métucin. C’est aussi l’occasion de rappeler aux différents interlocuteurs de quoi on parle quand on évoque le handicap car c’est loin d’être clair pour tout le monde. » Sur cette base, des axes de progrès sont définis pour initier un plan d’actions par thèmes à court et moyen terme. « Ce sont principalement des mesures simples, très concrètes, de bon sens et pas nécessairement coûteuses », commente la DRH, tout en précisant que l’entreprise reste totalement libre d’agir à sa guise et à son rythme.

Sur la première année, Berthier Trucks se met en mouvement en activant les différentes actions définies à l’issue du diagnostic. Cela passe, dans un premier temps par la désignation d’un référent handicap – un chargé de développement RH, très motivé sur le sujet, se voit confier cette mission – mais aussi par un effort de communication interne, une attention particulière portée aux salariés susceptibles de rencontrer des difficultés liées à un handicap, des libellés d’offres d’emploi plus explicites quant à la volonté de l’entreprise de recruter des collaborateurs handicapés. L’entreprise s’inscrit à des jobdatings et se prépare à participer à la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. « Amorcer la démarche n’est pas aussi compliqué qu’on le pense. Cela consiste en premier lieu à communiquer en interne comme à l’externe pour lever les tabous et afficher la volonté d’agir de l’entreprise, résume Isabelle Métucin. Cela permet d’instaurer une dynamique, de susciter des rencontres et de créer des opportunités. » La proximité instaurée avec l’Agefiph et la connaissance de son offre d’intervention facilitent certaines actions qui n’auraient tout simplement pas été envisagées auparavant. C’est ainsi que l’entreprise bénéficie de financements pour la mise en place du télétravail pour deux collaborateurs en situation de handicap. Elle réalise par ailleurs un premier aménagement de poste avec Cap emploi pour une collaboratrice qui contribue à améliorer ses conditions de travail et, indirectement, à réduire son absentéisme. Berthier Trucks envisage aujourd’hui de franchir un pas supplémentaire en signant une convention avec l’Agefiph. Il s’agit cette fois-ci de formaliser un plan d’action sur deux ans dont la mise en œuvre sera accompagnée et soutenue par l’Agefiph. « L’enjeu sera cette fois de structurer notre action et de l’inscrire dans la durée avec l’appui d’un partenaire que nous connaissons bien, désormais, et qui joue parfaitement son rôle de facilitateur », explique Isabelle Métucin.

Isabelle Métucin, DRH du groupe Berthier « Sans l’action de diagnostic, nous n’aurions sans doute pas avancé sur le sujet »