Bayer met en place un suivi des salariés handicapés en télétravail pendant la période de confinement

Il y a quelques années encore, au sein du groupe Bayer, le travail à distance n’était envisagé que sur recommandation du médecin du travail dans le cadre d’aménagements de poste destinés à des salariés en situation de handicap. Depuis, l’entreprise a beaucoup évolué sur le sujet. La signature d’un accord sur le télétravail en 2018 a permis d’étendre le dispositif à l’ensemble des collaborateurs.

« Le télétravail reste un outil précieux en matière de maintien dans l’emploi, note Corinne Colombo qui coordonne la politique handicap et diversité du groupe. C’est une solution beaucoup moins onéreuse et moins fatigante pour les salariés que la mise en place de transports quotidiens domicile-travail, privilégiée naturellement par certains managers peu enthousiastes à l’idée de voir s’éloigner un membre de leur équipe. Cela étant, il ne faut pas être dans l’excès non plus car sur la durée, le télétravail peut être un facteur d’isolement. Il est parfois intéressant de combiner les deux solutions. »

En mars 2020, au moment où intervient la crise sanitaire liée au Covid-19, le groupe Bayer n’est pas pris de court par les mesures de confinement. Ordinateurs portables, connexions sécurisées, procédures particulières : tout est prêt pour organiser le travail à distance dans ce contexte spécifique. « Pour les télétravailleurs en situation de handicap, nous avons progressivement mis en place un dispositif de suivi afin de garder le contact et de les conseiller si besoin », explique Corinne Colombo, tout en précisant que sur les sites de productions, les personnes à risques dont les postes ne sont pas délocalisables sont invitées à rester chez elles avec maintien de leur salaire.

Dès la deuxième semaine du confinement, un courriel est adressé à l’ensemble des collaborateurs handicapés en télétravail pour les informer de la possibilité de prendre contact avec la mission handicap en cas d’interrogation ou de difficulté. « Nous avons l’avantage de posséder en interne notre propre service de santé au travail qui comprend deux médecins du travail, une assistante sociale et une ergonome, relayés sur chaque site par une infirmière. Cela facilite le suivi et permet de se répartir les contacts car différentes problématiques peuvent être remontées », commente Corinne Colombo.

Dans un deuxième temps, une hotline ergonomique est mise en place avec l’appui d’un cabinet extérieur. En cas de problème d’installation de son poste de travail, le salarié peut prendre conseil à distance, consulter un ergonome voire demander un aménagement spécifique. Un commercial qui avait des difficultés pour taper ses comptes rendus en raison d’un problème à la main a ainsi été équipé d’un logiciel de dictée habituellement destiné aux personnes présentant des troubles DYS (dyslexie, dyspraxie…). Le fournisseur lui a dispensé une formation à distance. « Il est aussi arrivé que notre ergonome prenne le relais de la hotline et se déplace chez le salarié pour l’aider à organiser son poste de travail », précise Corinne Colombo.

Au final, une dizaine de personnes a sollicité l’appui ergonomique proposé. « C’est assez peu mais c’était tout à fait prévisible, commente la responsable de la mission handicap. D’une manière générale, les personnes en situation de handicap n’aiment pas attirer l’attention sur elles en réclamant de l’aide. Cela justifie d’autant plus notre vigilance. » Sans compter que la mise en place d’une hotline n’est pas très onéreuse en soi et qu’elle peut s’avérer précieuse pour des personnes en difficulté.

À partir du 11 mai 2020, le groupe a entamé un déconfinement progressif. Pour Corinne Colombo, ces deux mois de télétravail contraint contribueront certainement à faire évoluer les pratiques en la matière et inciteront peut-être les partenaires sociaux à en élargir encore le recours puisque le groupe s’oriente vers un deuxième accord sur le sujet. « Quoiqu’il en soit, il faut continuer à travailler la question avec le management afin de faire entrer le télétravail pour de bon dans la culture managériale. » Entre le dépassement des vieux réflexes présentéistes, la prise en compte de l’ergonomie des postes à domicile et la nécessité de rester très attentifs aux signaux faibles (mails tardifs, absence de nouvelles…) susceptibles de témoigner d’un mal-être des salariés télétravailleurs, les enjeux ne manquent pas. C’est pourquoi la responsable de la mission handicap entend profiter de la période pour lancer un module en e-learning associant les problématiques du management à distance et du « management de la singularité », un concept visant à prendre en compte les besoins spécifiques de tout salarié au-delà de la thématique du handicap.

La mise en place du télétravail pendant la période du confinement a été l’occasion d’adopter quelques bonnes pratiques dont on peut espérer qu’elles s’inscriront dans les habitudes. Je pense notamment aux réunions à distance aux cours desquelles chacun a veillé à prendre la parole à son tour ou encore à la rédaction plus systématique de compte-rendu de réunion. Cela est très utile pour les personnes malentendantes.

Entreprise : Bayer

Groupe : Bayer

Activité : industrie pharmaceutique et chimique

Région : France

Effectif France : 3 500 salariés

Effectifs TH : 115

Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 62

Contact : Corinne Colombo, experte Handicap & Diversité – corinne.colombo@bayer.com

Mise à jour : 17/06/2020

Nombre de personnes handicapées concernées : une dizaine

Type de handicap : tous types

Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : oui

Financements : Bayer

Partenaires : cabinet spécialisé