Témoignage Entreprise

Apprenti sur une exploitation agricole malgré une maladie évolutive

Lourdement handicapé par une maladie orpheline, Pierre-Charles, 21 ans, a été recruté comme apprenti dans la ferme de son oncle. Une solution « en famille » qui lui permet d’envisager l’avenir sereinement et apporte un renfort appréciable sur l’exploitation.

L'expérience

Article rédigé le 28/11/07

Une maladie dégénérative

Âgé de 21 ans, Pierre-Charles Ricouart, tout comme ses deux frères, est atteint du syndrome de Laurence-Moon, une maladie rare débutant dans l'enfance et provoquant des détériorations neurologiques et ophtalmologiques gravement handicapantes. Le jeune homme a été scolarisé dans une école pour enfants malvoyants, à Rouen, puis dans un centre de formation agricole spécialisé à Saint-Brieuc. Très motivé dans les matières techniques, passionné par l’élevage, il a rencontré des difficultés dans les matières générales et n’a pu accéder au CAP. En janvier 2007, son oncle, Valentin Crimet, qui gère avec son père, un Gaec (Groupement agricole d’exploitation en commun) de 110 hectares et de 80 vaches laitières à Huchenneville, à une quinzaine de kilomètres d’Abbeville, envisage de faire travailler Pierre-Charles avec lui. « Nous habitons le même village. Depuis son enfance, Pierre-Charles, est toujours venu à la ferme, il est motivé et a un excellent contact avec les bêtes. De notre côté, nous ne sommes que deux sur l’exploitation et nous avons grandement besoin d’aide. »

L’apprentissage plutôt que l’embauche directe

Connaissant mal les organismes spécialisés, Valentin Crimet s’adresse dans un premier temps à la Maison départementale des personnes handicapées qui l’oriente vers Cap emploi Somme. Avec un conseiller, Valentin Crimet étudie les différentes possibilités. Il ressort que le Gaec n’a pas les moyens d’embaucher le jeune homme à plein temps et que les aides à l’embauche ne peuvent en aucun cas suffire à garantir son emploi. Il est donc décidé de recourir à l’apprentissage. En septembre 2007, Pierre-Charles fait sa rentrée dans un établissement d’Abbeville pour préparer un CAP Élevage. Parallèlement, il travaille à la ferme où il assure 11 traites par semaine, et s’occupe également de l’alimentation des veaux.

Pierre-Charles trouve ses repères

Reconnu handicapé à 80 %, le jeune homme perçoit l’AAH  (Allocation aux adultes handicapés), ainsi qu’une rémunération en tant qu’apprenti équivalant à 53 % du Smic (61 % à partir de la deuxième année). Le Gaec, pour sa part, bénéficie d’une aide de l’Agefiph au titre de l’apprentissage. Dans un premier temps, aucun aménagement spécifique n’a été réalisé pour accueillir Pierre-Charles. Il connaît bien la ferme, qui a été totalement réaménagée, il y a dix ans, suite à un incendie, et possède de vastes espaces de travail. « Sa vue étant très dégradée, nous veillons à bien ranger le matériel pour éviter les accidents. Pour le reste, il a trouvé ses propres repères. Par exemple, pour l’alimentation des veaux, il a tout appris par cœur », précise son oncle.

Objectif : intégration définitive

Valentin Crimet a néanmoins adressé des demandes de financements à l’Agefiph pour l’acquisition de matériel qui faciliterait les tâches quotidiennes. « Pour le port des charges lourdes, par exemple, nous utilisons systématiquement le tracteur et la fourche. Or, Pierre-Charles ne peut pas conduire. Nous voudrions acquérir un chariot manuel, très utile, par exemple, pour porter un veau. » Parmi les autres acquisitions envisagées : des tableaux aimantés, des talkies-walkies pour communiquer à distance. Le dossier est en cours. Malgré cette attente, le travail du jeune homme s’organise sans grande difficulté et ses cours, à Abbeville, lui permettent de sortir de l’isolement de la ferme. Au terme de la période d’apprentissage, en 2009, son oncle espère pouvoir l’intégrer définitivement.

Le témoignage

Crimet Valentin, gérant associé

« Un parcours difficile pour les personnes handicapées »

« En tant qu’exploitant agricole, il n’est pas facile de s’engager dans une démarche comme celle-ci. Nous avons bien sûr été motivés par le lien familial et la volonté de trouver une solution viable pour Pierre-Charles. Mais il va de soi que nous devons aussi envisager l’aspect économique. À travers son expérience, je mesure les difficultés rencontrées par les personnes handicapées. Depuis la rentrée scolaire, il n’a toujours pas de téléagrandisseur pour suivre les cours et, à la ferme, nous ne sommes pas encore fixés la subvention destinée à financer le matériel qui lui faciliterait le travail au quotidien. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Gaec Crimet
  • Activité : Exploitation agricole
  • Région : Picardie
  • Effectif entreprise : 2
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Crimet Valentin (gérant associé) :
  • Mise à jour : 02/01/2008

La fiche technique

  • Durée de mise en œuvre : 8 mois
  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : maladie dégénérative
  • Aménagements :
    • techniques : en cours
    • organisationnels : oui
    • de formation : oui
  • Financement : Gaec Crimet, Agefiph,
  • Partenaires : MDPH, Cap emploi Somme
Thématique
Publié le 20 septembre 2010