Témoignage Entreprise

Ansamble expérimente un « groupement momentané d’entreprises » avec un Esat

Grâce à ce dispositif, le groupe de restauration collective et l’établissement de l’Adapei 44 se sont associés dans la gestion d’un restaurant implanté sur une zone d’activité nantaise.


L'expérience

Fiche rédigée le 28/12/2015

Un dispositif juridique peu usité

Chaque jour, quelque 7 700 personnes viennent travailler dans les 400 entreprises implantées sur la zone industrielle Nant’Est, à Carquefou. À l’heure de la pause de midi, ces salariés ont la possibilité d’aller déjeuner dans différents restaurants des environs, parmi lesquels L’Aubinière. Cet établissement interentreprises est la propriété de l’association Nant’Est Entreprise (N2E), gestionnaire de la zone. Créé il y a une vingtaine d’années, le restaurant a connu de belles heures avant d’amorcer un lent déclin qui le conduit, en 2014, à fonctionner à moitié de sa capacité. N2E lance alors une consultation afin de trouver l’exploitant qui saura lui apporter un nouveau souffle. Dans son cahier des charges, l’association insiste sur les dimensions qualitatives et responsables que devra revêtir le projet.
Finalement, ce n’est pas un, mais deux prestataires qui lui proposent la solution la plus convaincante. Dans une réponse commune, le groupe de restauration collective Ansamble et l’Adapei 44 – qui gère plus d’une quinzaine d’Esat dans la région – proposent un concept inédit associant la gestion quotidienne du restaurant et l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Une grande partie du projet repose sur un dispositif juridique encore peu usité : le groupement momentané d’entreprises (GME).

Un « mieux disant social »

À travers cette association inédite, l’idée des deux partenaires est d’adosser aux savoir-faire du groupe de restauration un projet permettant à des travailleurs d’Esat d’accéder au milieu ordinaire. De fait, l’équipe de L’Aubinière, placée sous la responsabilité d’un directeur issu du groupe Ansamble, comprend les quatre anciens salariés du restaurant, dont l’emploi a été maintenu, et une dizaine de personnes détachées d’établissements de l’Adapei 44, encadrées par un moniteur. « Grâce à la présence des travailleurs d’Esat, l’équipe est plus étoffée, ce qui a permis une vraie avancée qualitative, argumente Laurent Godet, directeur des ventes chez Ansamble. Le restaurant travaille des produits frais et propose, par exemple, des desserts maisons, réalisés par l’équipe Adapei. »
Quant au statut de GME, il permet de valoriser le « mieux disant social » de l’établissement auprès des clients, ou plutôt auprès de leur employeur. « Grâce à ce format juridique, nous pouvons distinguer, sur chaque repas servi, la part Ansamble et la part Adapei. De cette manière, les unités bénéficiaires générées par les travailleurs d’Esat peuvent être imputées aux employeurs dont les collaborateurs viennent déjeuner au restaurant. » Toutes les entreprises adhérentes de l’association N2E et celles ayant directement conventionné avec le GME se voient ainsi adresser un relevé mensuel qu’elles peuvent ensuite intégrer à leur déclaration d’emploi des personnes handicapées.

Qualité de service et sensibilisation

En un an, ce modèle économique et social a fait ses preuves et convaincu les entreprises environnantes et leurs salariés, puisque le restaurant a retrouvé un véritable rythme de croisière avec plus de 350 convives chaque jour.  « L’apport d’unité bénéficiaires n’est pas le seul intérêt pour les entreprises, poursuit Laurent Godet. Elles sont aussi intéressées par la dimension sensibilisation de la démarche : il est certain que le fait de bénéficier quotidiennement d’un service de qualité apporté par des personnes handicapées contribue à changer le regard de leurs salariés. Par ailleurs, une démarche de ce type ne peut qu’interpeller les entreprises qui sont de plus en plus sensibles aux initiatives relevant de la RSE. »
Pour le directeur des ventes d’Ansamble, cette première que constitue la création d’un GME dans le domaine de la restauration a vocation à être reproduite. Le groupe, qui travaille déjà avec des nombreux Esat dans d’autres régions, y réfléchit.

Le témoignage

Laurent Godet, directeur des ventes chez Ansamble

« Une démarche très valorisante pour les travailleurs de l’Esat »

« Les travailleurs de l’Esat ne restent pas toujours en cuisine. Ils interviennent aussi en salle pour le réassort. Pour eux, c’est extrêmement valorisant et ils en sont très fiers. Vis-à-vis de leur entourage, ils ne renvoient plus l’image de personnes relevant du secteur protégé, mais se présentent comme travaillant dans un restaurant de la zone industrielle Nant’Est. Pour les clients, c’est l’occasion d’appréhender différemment la déficience intellectuelle, qui fait parfois peur. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Ansamble
  • Activité : Restauration
  • Région : Pays de la Loire
  • Effectif France : 2 134
  • Effectif TH France : 83
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 2,09
  • Convention Agefiph : oui
  • Contact : Laurent Godet, directeur des ventes – lgodet@ansamble.fr

La fiche technique

  • Nombre de personnes handicapées concernées : 12
  • Type de handicap : déficience intellectuelle
  • Partenaires : Adapei 44, association Nant’Est Entreprises
Publié le 15 mars 2016