Témoignage Entreprise

Aménagements techniques pour pallier la perte d’autonomie d’un adjoint de direction

Devenu presque aveugle à la suite d’un accident, l’adjoint de direction de la holding familiale SAS Actim perd de son autonomie mais pas son caractère volontaire. Avec l’aide de différents partenaires, il s’équipe pour continuer à assumer pleinement ses tâches de futur PDG et maintenir le cap avec les salariés.

L'expérience

Article rédigé le 15/12/08

Une perte d’autonomie subite pour un futur chef d’entreprise

Patrick Trolet, adjoint de direction au sein de la SAS Actim, s’apprête à prendre les rênes de la holding mayennaise, spécialisée dans la métallerie fine industrielle, lorsqu’il est victime d’un accident, en avril 2007. Né avec une importante déficience visuelle sur un œil, il perd alors le second et devient pratiquement aveugle. La nouvelle ne tarde pas à filtrer dans l’entreprise et la question est sur toutes les lèvres des 50 salariés de l’entreprise : reprendra-t-il ou non la direction du groupe ? Deux semaines d’hospitalisation et de convalescence après l’accident, le salarié revient travailler, « parce qu’il a des tâches importantes à effectuer » mais aussi « pour dissiper les doutes » . Commence alors une période difficile pour Patrick Trolet qui ne peut plus effectuer aucun travail de lecture ou d’écriture. Le futur chef d’entreprise n’est plus autonome dans son quotidien professionnel qui lui demande notamment de rédiger des devis techniques de fabrication de commandes de pièces, le cœur de métier de la holding.

Bilan de la situation et étude ergonomique du poste de travail

Très rapidement, Patrick Trolet décide de prendre les choses en main. Au service ophtalmologique de l’hôpital qui l’a pris en charge, il a été mis en relation avec différents organismes spécialisés. Il contacte directement l’un d’eux : le Centre Basse Vision d’Angers qui lui suggère un bilan visuel. Cette démarche s’articule autour de cinq à six rendez-vous menés avec plusieurs spécialistes pour évaluer les différentes capacités visuelles et psychologiques de l’intéressé.  Dans l’entrefaite, le service de santé au travail en Mayenne (SATM) se rappelle à lui pour lui signifier le rôle pivot de la médecine du travail dans la conduite des démarches de maintien dans l’emploi. Un rendez-vous est donc organisé rapidement pour « normaliser » la procédure. Ensemble, ils montent un dossier de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. En parallèle, Patrick Trolet prend contact avec une école pour malvoyants et y rencontre un ergonome qui effectuera une étude de son poste. La cellule maintien dans l’emploi du SATM s’y associe pour l’aider à définir ses besoins.

Deux aménagements pour deux sociétés différentes

L’analyse menée par les différents partenaires de Patrick Trolet aboutit à une liste d’équipements divers : un logiciel Zoomtext, un téléagrandisseur, une calculatrice vocale et un nouveau clavier qui vont lui être prêtés temporairement pour les tester par une école pour personnes malvoyantes. La cellule d’aide au maintien du SATM l’accompagne pour monter le dossier d’aides à l’achat de ces matériels auprès de l’Agefiph. Ils sont livrés six mois plus tard, en juin 2008, à l’exception du logiciel Zoomtext acquis par anticipation, avec l’accord de principe de l’Agefiph.

La particularité de Patrick Trolet est qu’il gère une seconde entreprise, située dans l’Eure. Il y assure une présence de deux jours par semaine. Un équipement similaire y est donc également prévu et cofinancé par l’Agefiph. Il bénéficie, en outre, d’une aide au transport pour effectuer les 200 km qui l’en séparent. Ce soutien financier, à hauteur de 80 % du montant total des coûts de taxi, est accordé pour un an.

Un lent retour à la productivité

Depuis l’arrivée de ces nouveaux matériels, Patrick Trolet parvient à « se débrouiller presque tout seul » . Il est convaincu de leur bonne adéquation à son handicap pour les avoir testés au préalable. Mais il assure qu’il a encore des difficultés pour retrouver toute sa productivité d’antan. Pour autant, Patrick Trolet est devenu officiellement le Pdg de la holding courant 2008, sans modification dans le processus de transmission de l’entreprise. La nouvelle a rassuré l’ensemble des salariés. Son épouse l’aide dans ses déplacements au quotidien. Ensemble, ils viennent d’acquérir une maison située à 80 m de l’entreprise, « pour réduire les trajets et les effectuer à pied, puisque je n’ai pas perdu la vision de l’espace. Je peux donc me déplacer seul », confie-t-il.

Le témoignage

Trolet Patrick,

Pdg

« Une attente un peu longue »

« Je considère que les différents organismes impliqués ont été parfaitement à la hauteur… mais pas par rapport à mes besoins. L’attente a été un peu longue de mon point de vue et les conséquences difficilement conciliables avec les responsabilités que j’ai à assumer. J’ai des devoirs par rapport à mes salariés et je dois faire tourner l’entreprise. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : SAS Actim
  • Activité : Service aux entreprises
  • Région : Pays de la Loire
  • Effectif entreprise : 10
  • Effectif TH de l'entreprise : 1
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Trolet Patrick (PDG) :
    ptrolet@metalleriedelamayenne.fr
  • Mise à jour : 02/02/2009

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : visuel
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : non
    • de formation : non
  • Financement : Agefiph
  • Partenaires : cellule maintien dans l'emploi du SATM, Centre Basse Vision (Angers)
Thématique
Publié le 20 septembre 2010