Aménagement au rayon poissonnerie pour une ex-manager

L'expérience

Article rédigé le 27/04/07

Malvoyance, stratagèmes et souffrance extrême

Âgée de 47 ans, Evelyne est responsable de tous les rayons à services (boucherie, boulangerie, poissonnerie…) du supermarché Match de Lure, en Haute-Saône. Au fil de ses 23 années d’ancienneté, elle a gravi les échelons de la hiérarchie : elle encadre aujourd’hui une équipe. En 2001, alors que le groupe vient de signer son premier accord, Evelyne est invitée, comme tous les autres managers, à une réunion de présentation et de sensibilisation au handicap. Il lui faudra deux ans pour annoncer à son supérieur qu’elle est atteinte d’une maladie qui conduit à une déficience visuelle. Elle ne supporte, alors, plus d’user de stratagèmes pour dissimuler sa malvoyance aux autres. Évelyne est dans un état de souffrance extrême.

La salariée propose elle-même son reclassement

Contactée par le directeur du magasin, Sabrina Aeschimann, responsable de la mission handicap de l’enseigne, organise une rencontre avec le Cap emploi local, la médecine du travail et un institut pour aveugles et malvoyants de Lyon. À cette occasion, ce dernier en profite pour réaliser une série de tests de vue auprès d’Évelyne. Les résultats connus, la manager exprime rapidement son refus d’une reconnaissance d’invalidité totale : elle souhaite poursuivre une activité. Elle propose alors de reprendre un poste qu’elle occupait auparavant, qu’elle connaît très bien et qu’elle affectionne : le rayon poissonnerie. La direction, sensible à la proposition de cette collaboratrice de longue date, accepte et s’engage à effectuer les aménagements nécessaires.

Un matériel spécifique pour compenser le handicap

Sur préconisations de l’Institut spécialisé lyonnais, le directeur du supermarché accompagné de la responsable de la mission handicap acquiert le matériel destiné à l’aménagement technique du poste d’Évelyne. Le service informatique de l’entreprise dote ainsi le rayon poissonnerie d'un téléagrandisseur, d'un ordinateur avec logiciel d’agrandissement et synthèse vocale, d'une calculatrice parlante, d'une une loupe longue vue, d'une loupe de poche et d'un dictaphone. Une salle à l’écart et au calme lui est aussi dévolue pour la gestion de son rayon. L'Agefiph intervient sur une partie de ces aménagements au titre du maintien dans l'emploi.
Enfin, Évelyne se rend pendant trois mois auprès des différents fournisseurs pour se former à la prise en main de ces nouveaux matériels. En qualité de vendeuse et responsable de rayon, elle suit aussi les formations internes dispensées par le groupe. Son poste est intégralement aménagé en 2005.

Totalement investie dans sa nouvelle fonction

Évelyne a finalement retrouvé un univers qui lui était familier, qu’elle appréciait et dont elle ne s’était jamais affranchie, même lorsqu’elle était manager. Selon Sabrina Aeschimann, ce ne sont pas les compétences de la professionnelle qui étaient mises en cause mais bien la charge de travail que sa malvoyance l’empêchait d’assumer. Évelyne réalise régulièrement les meilleurs chiffres de ventes de poisson parmi les magasins de la région. « Elle est passée à d’autres priorités. Angoissée hier par la peur que son handicap ne se remarque, elle est aujourd’hui totalement investie dans le service du client et très à l’aise avec ses collègues. »

Le témoignage

Aeschimann Sabrina,responsable mission handicap

« Trouver le bon interlocuteur a été très long »

« La durée d’aménagement du poste a été beaucoup trop longue : il a fallu un an et demi entre le moment où Évelyne est venue nous informer de son état et l’arrivée du matériel. Nous ne savions pas comment nous y prendre. La malvoyance est un problème de santé méconnu de tout le monde. Trouver le bon interlocuteur a été très long. Ensuite, le temps d’attente pour avoir les conclusions du spécialiste de la malvoyance et le matériel préconisé nous a paru interminable. Peu nombreuses en France, ces structures sont très sollicitées et submergées. Pour Évelyne, cela a été une vraie bataille. Beaucoup de doutes et de questionnements. Elle s’est accrochée, soutenue par le directeur qui a fait ce qu’il fallait, et par ses collègues. Après des passages très durs, tout marche bien à présent. »

La fiche d'identité de l'entreprise

• Groupe : Supermarché Match
• Entreprise : Supermarché Match
• Etablissement : magasin de Lure
• Activité : Commerce
• Région : Bourgogne / Franche Comté
• Effectif entreprise : 6800
• Effectif etablissement : 34
• Effectif TH de l'entreprise : 295
• Effectif TH de l'etablissement : 3
• Unités valorisables au titre de la sous-traitance : -
• Accord d’entreprise : OUI
• Convention Agefiph : OUI
• Contact : Sabrina Aeschimann (Responsable mission handicap) :
  saeschim@supermarchesmatch.fr
• Mise à jour : 22/06/2007

La fiche technique

• Durée de mise en œuvre : 1 an et demi
• Nombre de salariés concernés : 1
• Type de handicap : visuel
• Aménagements
  • techniques :oui
  • organisationnels : oui
  • de formation : oui
• Financement : Supermarchés Match, Agefiph
• Partenaires : Cap Emploi, médecine du travail, Institut spécialisé, fournisseurs