Témoignage Entreprise

ALTERNANCE/FORMATION D’UNE PERSONNE HANDICAPÉE RECRUTEMENT/INTÉGRATION

La société Arc-en-Ciel forme et embauche un jeune peintre à sa sortie de l’IME

Pendant quatre ans, l’équipe de l’entreprise a assuré la formation de Ryan dans le cadre d’un apprentissage puis d’un contrat de professionnalisation à l’issue desquels elle l’a définitivement intégré en CDI.

Donner sa chance à tout le monde

Ancien salarié de l’entreprise Arc-en-Ciel, spécialisée dans les travaux de peinture et la pose de revêtement muraux et de sol, David Féraud a repris l’activité lorsque l’ancien dirigeant a pris sa retraite. Implantée à Chateauvieux, près de Gap, la société emploie aujourd’hui une dizaine de salariés et forme régulièrement des apprentis. En 2016, une candidature tout à fait inhabituelle est adressée au gérant. Ryan, scolarisé dans un IME d’une commune voisine, cherche un employeur pour préparer son CAP peinture. Du fait de son handicap, le jeune homme présente des difficulté d’apprentissage. Ses parents, qui l’accompagnent dans sa recherche, n’en font pas mystère mais soulignent sa motivation. Ils argumentent surtout en précisant que leur fils et son employeur bénéficieront de tout l’accompagnement nécessaire puisque Ryan suivra sa formation directement à l’IME et non dans un CFA. « J’avoue que j’ai un peu hésité au départ car accueillir un apprenti n’est jamais simple, se souvient David Féraud. Mais j’ai pour principe de donner sa chance à tout le monde. L’investissement des parents, la motivation manifeste de Ryan et l’implication d’un établissement spécialisé ont fini de me convaincre » La société embauche le jeune homme en contrat d’apprentissage pour une durée de deux ans.

Un accueil bienveillant au sein de l’équipe

Durant ces premières années, Ryan prend pied progressivement dans l’entreprise. Comme annoncé, il est soutenu par son référent de l’IME qui suit de près son évolution. Chez Arc-en-Ciel, il s’intègre à l’équipe qui lui confie différentes tâches au fur et à mesure de sa progression. La petite taille et l’esprit convivial de l’entreprise facilite les choses. « Nous avons l’habitude des apprentis et nous savons qu’ils ont besoin d’être encadrés. Avec Ryan, il fallait prendre un peu plus de temps et surtout accepter d’avoir à répéter plusieurs fois les instructions. Tout le monde a accepté de jouer le jeu. De son côté, il a fait preuve d’énormément d’engagement et de bonne volonté. », précise David Féraud. Pour le jeune homme, le principal frein au départ réside dans la peur de ne pas réussir. Comme le souligne son employeur, l’IME est un cocon. La transition avec la vie de chantier n’est pas aisée à opérer. « Nous avons toujours été bienveillants avec lui mais sans pour autant lui faire de cadeau parce qu’il faut bien que le travail avance. » Cette approche porte ses fruits : en 2018, Ryan décroche son CAP. Se pose alors la question de la suite.

Deux années d’alternance supplémentaire, un CDI à la clé

« Quand vous sortez d’un apprentissage en IME, vous avez franchement très peu de chance d’être embauché par un employeur qui ne vous connaît pas. Cela aurait été très compliqué pour Ryan de se lancer sur le marché de l’emploi », poursuit David Féraud. S’il connaît les difficultés du jeune homme, le gérant de la société mesure aussi pleinement ses capacités et sa volonté. « Au vu des progrès impressionnants qu’il avait réalisé chez nous en deux ans, je ne voulais pas le voir retourner vers le secteur protégé. Sa place était en milieu ordinaire. » En lien avec l’IME, une solution est trouvée : Ryan poursuivra sa formation chez Arc-en-Ciel pendant deux ans dans le cadre d’un contrat de professionnalisation. Cette fois-ci, il suivra ses cours dans un CFA. « On n’aurait pas pu le faire avec un autre apprenti, commente David Féraud. Cela lui a donné confiance et nous a rassurés. » Au terme de ce nouveau contrat, l’entreprise décide d’embaucher définitivement le jeune homme en CDI à l’automne 2020. En quatre ans, il a fini par devenir un membre de l’équipe à part entière. Sa productivité demeure toutefois moins élevée que celle d’un ouvrier ordinaire car il a toujours besoin d’un peu plus de temps pour réaliser son travail. Pour compenser ce décalage, David Féraud obtient, avec l’appui de Cap emploi, une aide financière versée chaque trimestre par l’Agefiph au titre de la reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH). Pour Ryan, la transition semble aujourd’hui réussie. Signe révélateur : il a dernièrement décroché son permis de conduire et commence même à se voir confier parfois le véhicule de l’entreprise.

TÉMOIGNAGE

David Féraud, gérant « Ryan a connu une évolution spectaculaire »

« Nous sommes très fiers d’avoir formé Ryan et de le compter parmi nous aujourd’hui. Il a beaucoup appris sur les chantiers, s’est ouvert progressivement et a gagné en assurance.

Son évolution a été spectaculaire. Cela lui permet d’avoir aujourd’hui une vie normale et équilibrée. Le fait de bénéficier d’une aide financière pour compenser la lourdeur de son handicap évite de reporter la pression sur le personnel. »

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Arc-en-Ciel

Activité : Bâtiment

Région : PACA

Effectif : 10 salariés

Effectif TH : 1

Convention Agefiph :

Contact : David Féraud, gérant – arcenciel05@hotmail.com

Mise à jour : 06/07/2022

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap : handicap psychique

Aménagements

- techniques : non

- organisationnel : oui

- formation : oui

Financements : Agefiph, droit commun

Partenaires : Cap emploi, IME Jean-Cluzel (Savines-le-Lac), CFA

Publié le 12 septembre 2022