Un débat animé par Didier Bonnet, journaliste.
En présence de Anja LINDER, Harpiste professionnelle, auteur du livre « Les escarpins rouges », de David KENNAUGH, Entrepreneur, directeur de franchises SHIVA, d’Agnès GERBER-HAUPERT, Directrice générale d’Action et Compétence, de Dominique LERCH, Historien et d’Odile ROHMER, Professeur en psychologie sociale.
Lors de ce moment de rencontre sur la notion d’inclusion, le fait de se retrouver au Vaisseau, lieu d’outils d’apprentissage des sciences, est une symbolique qui semble importante : l’inclusion se vit et s’apprend au sein de ce lieu qui est totalement accessible (même si certains progrès restent à fournir). Les expositions sont traduites braille et des fauteuils roulant et béquilles sont mis à disposition des personnes valides afin qu’ils effectuent, s’ils le souhaitent, le parcours en situation de handicap. Cette action permet d’atténuer le sentiment de différence et d’en faire quelque chose de beaucoup plus commun.
L’inclusion est la mission première de la collectivité départementale et ainsi de trouver une place dans l’emploi pour un maximum de concitoyens. Le handicap est pris dans sa globalité ; beaucoup de personnes souffrent d’handicap social. Ainsi, 60 % du budget de la collectivité est consacrée à l’insertion sociale (handicap, emploi, protection de l’enfance, …).
Le but premier dans cette démarche d’inclusion, est de faciliter les démarches administratives : rendre les courriers plus humains et plus simples pour en faciliter la lecture, changer la durée de validité des certificats médicaux pour éviter aux personnes en situation de handicap de refaire des démarches dans le but de prouver leur handicap et ainsi ne pas atteindre la dignité de la personne.
L’emploi reste un élément majeur pour vivre au sein d’une société : même si cela concerne une heure de travail par semaine, cela donne une dignité et une responsabilité aux personnes. C’est pour cela que dans le département du Bas-Rhin, et malgré la réduction des contrats aidés de la part de l’État, on continue de financer ces contrats dans une volonté d’être dans les départements pilotes et pionniers sur le sujet de l’inclusion en étant à l’écoute des réalités du terrain.
Il y a actuellement une réflexion engagée visant à réformer l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés en milieu ordinaire de travail portée par Madame Cluzel et Madame Pénicaud et qui fait l’objet d’une concertation, en ce moment, auprès des partenaires sociaux et du secteur associatif et sera traduite dans des textes qui seront soumis au conseil des ministres et feront l’objet de scission.
Le terme « inclusion » permet d’aller plus loin que « l’intégration », autrement dit : adapter l’environnement à la personne en besoin. Elle permet de parler des différences dans notre société de manière globale. C’est une volonté européenne mais d’abord la nôtre pour qu’elle soit intégrée dans notre quotidien. Il est également nécessaire de regarder ce qu’il se passe ailleurs pour évoluer tout en prenant en considération les moyens de notre pays. Par exemple, au Portugal, la politique d’inclusion est très forte et y met de gros moyens. En revanche, si l’on regarde de plus près, le Portugal ne dispose pas d’écoles maternelle ce qui représente, en France, plus de 300 000 postes.
Les médias permettent également, aujourd’hui de banaliser les situations du handicap et de faire évoluer les choses de manière positive. Cependant, le fait de banaliser ses situations entraînent parfois l’oubli et dirigent à nouveau les personnes handicapées à être confrontées à d’éventuels réajustements au sein de leur vie professionnelle ou même quotidienne.
Il ne faut pas perdre de vue que c’est la société qui doit s’enseigner elle-même en arrêtant d’associer le handicap à un moindre niveau de compétences. Odile Rohmer, enseignant chercheur en psychologie sociale à l‘université de Strasbourg, nous raconte une expérience menée : nous avons montré à un groupe de personnes des photos avec des personnes travaillant, il fallait alors imaginer leur poste et leur niveau de compétences. Les mêmes photos mais avec un champ plus large et montrant des personnes en situation de handicap ont été montré à un autre groupe en leur posant la même question ; instinctivement, on donnait aux personnes handicapés un poste moins important avec moins de compétences.
Cela montre bien que le plus important et la volonté première est de faire changer les regards.