Témoignage Entreprise

Brio’Gel se pose en laboratoire de l’inclusion en milieu ordinaire

La PME vendéenne ne craint pas d’investir et d’expérimenter pour faire avancer l’insertion professionnelle des personnes handicapées : elle a notamment embauché deux éducateurs spécialisés afin d’offrir une alternative professionnelle à des personnes issues du secteur protégé et adapté.


L'expérience

Fiche actualisée le 29/03/2018

Appliquer la RSE à la lettre

Christophe Babarit n’est pas un entrepreneur comme les autres. Cet ancien instituteur créateur de Brio’Gel, une société de boulangerie industrielle qui emploie aujourd’hui près de 250 salariés en Vendée, s’est mis en tête d’appliquer à la lettre le principe de la responsabilité sociétale de l’entreprise. « C’est un fait, l’entreprise a vocation à créer de la richesse et à générer du profit, mais sa raison d’être ne peut se limiter à la seule dimension économique, théorise-il. Le projet de l’entreprise n’a de sens qu’à partir du moment où celle-ci assume pleinement son rôle d’acteur social. »
Créée il y a 20 ans, Brio’Gel a mis quelques années à se lancer mais la société, spécialisée dans la fabrication de pains et de brioches surgelés, connaît un développement continu depuis une dizaine d’années.
Sensible à la thématique du handicap, Christophe Babarit embauche en 2004 une personne sourde habitant Saint-Georges-de-Montaigu, la commune où est implantée son entreprise. Afin d’établir un équilibre et de lui éviter l’isolement, il recrute bientôt une deuxième personne malentendante et propose à ses équipes une initiation à la langue des signes pour faciliter la communication. En 2011, le chef d’entreprise franchit un pas supplémentaire qui l’engage sur une voie quasi expérimentale : poussé à la fois par sa volonté d’innovation sociale et par la réussite de son entreprise, il saisit une opportunité qui se présente à lui d’embaucher une éducatrice spécialisée, connaissant la langue des signes et à qui la société propose de dispenser une formation de formateur sur le sujet.

Un métier à inventer

« On m’a souvent posé la question de la rentabilité de ce recrutement, commente Christophe Babarit. Je réponds que c’est une démarche positive, génératrice de sens, de bien-être et de cohésion au sein de mon entreprise et que l’investissement réalisé à l’époque correspondait de toutes façons à la contribution que j’aurais versée à l’Agefiph. »
Bien que le taux d’emploi de Brio’gel atteigne aujourd’hui les 10 %, le postulat du chef d’entreprise vendéen n’a pas varié au fil des années : il continue à utiliser l’équivalent du montant de la contribution Agefiph dont il s’acquitterait s’il ne répondait pas à son obligation d’emploi pour proposer des postes pérennes à des salariés handicapés.
Pour l’éducatrice spécialisée, d’abord embauchée à temps partiel puis à 80 %, l’enjeu est de donner un contenu à son poste : entre l’administration et la production, elle intervient comme interface de communication auprès des collaborateurs sourds de Brio’gel – il y en aura bientôt cinq –, forme 70 salariés à la langue des signes et devient progressivement la référente handicap de l’entreprise. D’année en année, d’autres personnes présentant des handicaps divers intègrent en effet Brio’Gel.

Des postes « adaptés » pour des personnes fragilisées

Alors que l’entreprise poursuit son développement – elle recrute près d’une centaine de salariés entre 2011 et 2018 –, Christophe Babarit souhaite pousser la démarche inclusive encore plus loin. Son projet : créer des emplois accessibles à des personnes particulièrement fragilisées par leur handicap – notamment au plan psychique et mental – afin de leur donner l'opportunité de sortir des structures adaptées. « Beaucoup de travailleurs handicapés évoluant en Esat ou en entreprise adaptée souhaitent intégrer le milieu ordinaire et en ont la capacité. Encore faut-il créer les conditions pour le leur permettre », explique-il.
S’appuyant sur les besoins de la production, Brio’Gel met d’abord en place, à partir de 2015, un atelier de comptage des accessoires de boulangerie livrés avec ses produits (sacs à pains, sachets, fèves…). Plus récemment, l’entreprise a créé une blanchisserie afin d’internaliser le nettoyage des tenues de travail. Une dizaine de personnes handicapées se répartissent aujourd’hui sur ces deux ateliers. Pour les accompagner, l’entreprise a embauché une deuxième éducatrice spécialisée, Marion, la fille de Christophe Babarit. « Notre démarche est inédite, reconnaît cette dernière. Nous inventons au fur et à mesure que nous avançons. Nous voulons montrer qu’une entreprise responsable est capable de créer et de gérer des postes “adaptés” sans statut ni financements spécifiques. »
Véritable tremplin vers le milieu ordinaire, Brio’Gel a établi des relations avec des Esat et accueille régulièrement des personnes en stage voire en contrat de mise à disposition, en vue d’une embauche.

Le témoignage

Christophe Babarit, PDG

« En tant qu’employeur, nous avons une responsabilité à assumer »

« Selon moi, la vocation d’une entreprise est de dégager suffisamment de ressources pour développer des projets sociaux. C’est dans cette logique que Brio’Gel s’est engagé sur le terrain de l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Nous essayons d’innover, de faire bouger les choses dans ce domaine car nous considérons qu’en tant qu’employeur,  nous avons une responsabilité à assumer, y compris au plan financier. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Brio’Gel
  • Activité : boulangerie industrielle
  • Région : Pays de la Loire
  • Effectifs : 240 ETP
  • Effectif TH : nc
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
  • Contact : Christophe Babarit, PDG – cbabarit@briogel.com

La fiche technique

  • Nombre de personnes handicapées concernées : 17
  • Type de handicap : tous types
  • Aménagements :
    - techniques : oui
    - organisationnels : oui
    - formation : non
  • Financements : Brio’Gel
  • Partenaires : Esat, structures d’insertion
Thématique
Publié le 3 mai 2018